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Çà et là, par là nef, le choeur des Vierges loue
La douce piété de sa chère maîtresse;
Et, les yeux éclairés d'espérance et d'ivresse,
La Princesse de Bretagne prie à la proue.
Dans les màts, à travers lesquels elle se-joue,
La brise met une harmonie enchanteresse ;
Elle frôle parfois la prieuse, et caresse
Les cheveux emperlés qui lui voilent la joue.
Elle murmure : « Voici bientôt la journée
Où la prairie aux parfums d'or sera fanée,
Pure, et que n'a flétrie aucune rude haleine.
Et, du Ciel de victoire, en blondes théories,
Les Anges descendront vers la sanglante plaine
Cueillir le diamant dé vos âmes fleuries. »
Toi par qui les martyrs ont eu la sépulture,
Blonde Vierge, trésor d'amour et de beauté,
Né gémis pas de l'âpre hiver qui te torture,
O Lys qui vas fleurir en l'éternel été.
Que t'importent les lourdes grilles et les gênes ?
Tes yeux de printemps voient la gloire de Jésus,
Tu souffres en riant la morsure des chaînes
Et tu marches front haut vers les cieux aperçus.