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tion infinitésimale de minute avait suffi pour mettre à néant sa vigoureuse santé, sa force d'athlète, souffler sa vie comme une flamme.
 Maintenant, la poitrine ouverte, où je fouillais entre les poumons, d'un rose fané, pour atteindre le cœur, ne faisait plus songer, devant la carcasse entamée, les côtes brisées en triangle, qu'à la dépouille de quelque étrange animal de boucherie.
 Pendant que mon aide décortiquait lentement la moelle, opération difficile où il excellait, la sortant des vertèbres délicatement, de même qu'on extirpe la succulente chair d'une patte de homard, je pris la tête du supplicié.
 Complètement exsangue, elle était horriblement pâle, les lèvres épaisses et sensuelles, violettes, et les yeux ouverts, fixes, à l'iris pers, ternis par une frêle buée qui en opalisait la transparence. Une soyeuse teinte bistre les cerclait. Je la tenais à deux mains pour l'examiner : les sinus frontaux énormes, le nez offrant une mince déviation en son milieu, les mâchoires inférieures extrêmement développées, donnant à la face une apparence bestiale que complétaient les pommettes saillantes, tous ces caractères formaient par leur réunion un type accompli de criminel.
 Je saisis un couteau que me tendait le garçon, et me disposais à fendre le cuir chevelu, de façon à mettre le crâne à nu avant d'en scier la boîte pour parvenir au cerveau, quand un bruissement bizarre, composé de sons articulés, encore que très faiblement, un bourdement de paroles confuses, m'arrêta. Surpris, je regardai autour de moi : le seul être animé m'accompagnant avait la bouche close, et du reste le timbre de cette voix me demeurait inconnu. Elle semblait impersonnelle, extra-humaine, émanant des choses mêmes qu'elle évoquait, elle était douce, et, dirai-je, parfumée de terreur : cette expression rend presque mon sentiment d'alors, car il me parut que la voix me caressait d'une odeur sépulcrale,

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