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du moins, est bien du Bonnard: j'espère qu'il le personnalisera encore ; un paysage en trois ou quatre verts avec des taches orange est bien curieux ; même sensation devant un plus grand paysage ; une vieille femme intéresse grandement ; tout cela est certainement du très bel art décoratif, mais avec, çà et là, une fâcheuse tendance au grotesque, c'est-à-dire à la déformation grimaçante ;
Ranson : d'amusants plats étrusques (sur toile);
Anquetin : une femme rousse assise, avec un presque sourire d'une ironie cruelle, — égal en valeur significative à l'autre rousse du même, qui se peigne avec une férocité de hyène;
Gausson : quelques cadavres;
Guilloux : huit paysages de la plus heureuse composition, étranges et originaux, très harmoniques;
H.-F. Roussel: un assez bizarre coin étroit de jardin, l'éternel violet, du plein soleil terne;
A. Osbert: des paysages d'un vert pâle à fonds bleuâtres, très doux, très accueillants, harmonisés par la pâleur des cadres;
Angrand : une ombre bleue dans une ombre lumineuse plus pâle : ce sont des loups dans une brumeuse nuit de lune; très spécial de facture;
G. d'Espagnat : paysages (à la Poussin);
Casas : deux paysages assez engageants;
Ranft : son trio de femmes rouges ne serait pas désagréable, - mais quelle absence de style !
D. de Regoyos : une Mater dolorosa, plus espagnole que peinte;
Ibels : amusant;
Toulouse-Lautrec : intéressant;
Seurat : des toiles sont des merveilles d'harmonieuses tonalités; en d'autres, il ne réussit qu'à colorier des toupies : — on reviendra quelque jour sur l’œuvre de ce chercheur.
Les Indépendants ne détiennent nulle sculpture bien notoire; au contraire, quelques-uns des meilleurs envois aux Rose+Croix sont des groupes, des bustes, des reliefs; à noter :
Le Christ de V. Vallgren, haut-relief en plâtre, d'une résignation un peu jésuitique; du même, une minuscule Urne funéraire en bronze (M. Roujon l'a achetée pour le compte de l'Etat);