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il semble bien qu'ils aient mauvaise grâce, puisque nous tâchons précisément à leur découvrir des qualités qu'ils s'ignoraient; ne les ayant point notées sur ces petits papiers qu'ils rédigent pour la presse et que, pour être agréables à nos confrères et par scrupule aussi, jamais nous n'insérons. Ce serait même de l'ingratitude : alors que nulle part dans les journaux on ne lit plus les livres, que partout on escamote la moitié des envois pour ne publier qu'un passage de la « prière d'insérer » de ceux qu'on retient, nous lisons en effet et nous signalons tous(2) les ouvrages qui nous parviennent; et, notre Recueil étant une des très rares publications où il soit permis de dire ce qu'on pense, les auteurs sont avec nous à l'abri de ces bordées de louanges inconsidérées dont on blesse si souvent leur légitime orgueil; et ils ont l’assurance d'une opinion toujours sincère - sinon, hélas! toujours juste. Au reste, cette liberté de tout dire, un peu notre raison d'être, nous avons la conviction de n'en jamais avoir mésusé, par comparaison surtout avec la parfaite muflerie de notre exquise époque. Que si, cependant, des auteurs croient avoir à se plaindre de nos procédés, il leur est loisible 1° ou de ne point nous envoyer leurs livres; auquel cas, n'ayant point coutume de les aller solliciter chez les éditeurs et ne rendant compte que tout à fait exceptionnellement d'un ouvrage que nous n'avons pas reçu, ils peuvent tenir pour à peu près certain qu'il ne sera soufflé mot de leur « vient de paraitre »; 2° ou de demander des explications au fauteur de la bibliographie jugée malséante : tous nos échos sont signés d'initiales, le signe *** appartenant au surplus à un seul rédacteur; et quant aux rares notes qui, pour une raison quelconque, sont anonymes, le rédacteur se dérobât-il — supposition que rien jusqu'ici n'autorise — , ou fut-il un mineur ou une femme, qu'on trouverait sans doute encore avec qui s'entendre.
A.V.
Quand les violons sont partis, par Edouard Dubus {Bibliothèque Artistique et Litteraire) - Voir page 1.
Rose et Ninette, Mœurs du jour; par Alphonse Daudet, avec un frontispice de Marold (E. Flammarion. — Collection Guillaume)- L'intolérance, pour ne pas dire plus, des très jeunes gens envers M. Alphonse Daudet a son exacte contrepartie dans la flagornerie universelle de la « grande » presse, et j'imagine que cette constance des uns à tout