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D'Esternod lui-même, et cette fois en vers exquis, a redoublé cette idée :
La salemandre (15) ne m'agrée ;
Je ne boy point en eau troublée
Comme un chameau ; dans les brasiers
Je ne vy point en pyralide (16) ;
Mais j'imite la cantharide
Qui n'ayme que les beaux rosiers.
Sa conception de l'amour est simple. Tout matériel, il a réparti les femmes en deux clans, les belles et les jeunes, les vieilles et les laides ; et toute sa diplomatie amoureuse s'occupe à capter les unes, à évincer les autres. Les belles, ce sont les bien en point, les bonnes vivantes, celles qui promettent de larges satisfactions, des déduits où on se prélasse : le seul chagrin qu'une femme puisse lui causer, c'est de faire la sourde oreille à ses propos, ― réserve qu'il ne comprend pas : pour lui, les cavaliers et les jolies filles n'ont qu'un devoir sérieux, être aimables au possible, ne se refuser rien, et sans autre préambule ― se joindre. Il déverse alors les métaphores les plus désobligeantes pour l'amour, les plus grossières, les plus obscènes. Acceptables seulement celles qui ne sont que pittoresques ; ainsi, lorsqu'il invite Magdelaine à accueillir les chairs qui se meurent pour elle, à leur faire une bourse de son amour et à les enclore là, occis de joie,
Ainsi qu'on void une panteine (17)
Des becasses serrer les cous…
Ou bien lorsqu'il murmure câlinement :
Votre noc est de fine bure…
Votre noc est doublé d'hermine,
On en feroit une hongreline (18)…
Voici quelques strophes du Paranimphe de la vieille qui fit un bon Office ; il chante sur le mode ironique