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Et ces feuillages engraissez
Me ressemblent de nos grands pères
Les tombeaux, dont les caractères
Nous ne pouvons lire effacez.
Elle est, cette cotte, crottée,
Pleine de pluie et tempestée,
Comme un crapaud dans un maret,
Elle a été incarnadine,
Mais elle a pris dans la cuisine
Une couleur d'harenc soret.
Que les femmes préfèrent les actes aux mots :
Car au regard des damoiselles,
Les paroles ce sont femelles
Et les effects hommes d'Etat.
Entêtement des femmes ; elles disent :
Et quand bien nous aurions du lait dans les mamelles,
Nous prouverons encor que nous sommes pucelles.
Il nous montre une dévote
Qui porte un habit fait d'hymnes et d'oraisons…
Son poil entremeslé, comme le grisouris,
Est l'habitation des bienheureux esprits.
Si d'Esternod avait voulu brider sa « phantaisie » et s'appliquer au langage à la mode, il eût, tout comme les autres poètes de son temps, estimés des professeurs de littérature, ordonné de placides odes amoureuses, témoin ces quelques vers d'un Prélude adressé à Caliste :
Toutes les fables sont muettes
Et les contes du temps jadis
Ne m'ont fait croire au paradis
Sur la cime où vont les poëtes.
Je n'ai bu jamais à la piste
D'Apollon, ny de ses neuf sœurs ;
Et si j'ai gousté des douceurs,
C'est sur la bouche de Caliste.
Le nectar que j'ai pour remède
Et pour amorce à mes fureurs
Passe l'eau de ces discoureurs.
Et la boisson de Ganimède…
Il reste d'intéressant à noter dans l'œuvre du seigneur de Franchère la Satire du temps à Théophile. Attribuée souvent à un poète nommé Courval ou à un sieur Nicolas Bezançon, elle est bien plus probablement de l'auteur de l'Espadon, mais d'un d'Esternod vieilli et assagi, qui ne retrouve un peu de verve que pour défendre ses amis littéraires. Elle est curieuse en