Page:Mercure de France tome 005 1892 page 133.jpg
De MercureWiki.
- Poète, prends la sombre scabieuse,
- La brune échevelée au doux parfum qui mord,
- Fleur de deuil, fleur de veuve, fleur ombreuse,
- Sur ton sein profond comme la Mer ou la Mort...
- Dis-moi de quelles nostalgies-névroses,
- Langueurs, satiétés, funéraires débris,
- Parfums perdus, effondrement de choses,
- Est faite sa corolle aux replis assombris ?
- De quel tissu, de quelle étrange trame
- Est sa robe de serge, de pourpre et de feu ?
- De noirs lambeaux arrachés à quelle âme....
- Ou d'un loup de velours... taché de sang un peu ?
- Quelle est l'haleine énervante, navrée,
- Lourde de lassitude et de subtils relents
- Comme un vin vieux, qu'exhale, vulnérée,
- Sa patiente ardeur sous tes souffles brûlants ?...
- Comme un grenat son cœur sombre en lui porte
- (Rouge tison couvant un feu cruel)
- Une larme où survit une tristesse morte,
- Virtuelle lueur d'un éclair éternel....
- Toi qui sais, qui vois, qui chantes... Poète !
- Révèle les vouloirs secrets de cette fleur
- Voluptueuse, ténébreuse, si parfaite
- Dans les empourprements de sa noirceur.