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La sympathie va aux faibles bien plus parce qu'ils sont impuissants que parce qu'ils sont malheureux.
Se dévouer pour son prochain est d'un noble cœur et d'un noble esprit.
La vertu est un gâteau un peu lourd pour les estomacs modernes et dont on fait bien de ne prendre qu'une tranche.
La charité dépasse le jugement. Ce sentiment est si beau, que, fût-il le plus déraisonnable de tous, on ne devrait se lasser de l'admirer.
Ne recherchez jamais la part d'ostentation, d'intérêt ou d'hypocrisie qui se glisse dans la charité : ce serait ravager le champ de roses sous prétexte d'en reconnaître l'engrais.
Les charités diffèrent de la charité comme les amours de l'amour.
L'amour est une passion ; la charité est une vertu. La charité n'est dont point l'amour de l'humanité. C'en serait plutôt la pitié, si l'on tient compte toutefois que la pitié n'est que le côté négatif de la charité.
Des trois vertus théologales l'humanité future ne retiendra qu'une seule : elle laisserai la foi aux fous et l'espérance aux sots.
On arrivera peut-être à sonder le cœur de l'homme : mais ce ne sera pas le cœur d'un homme charitable.