Page:Mercure de France tome 005 1892 page 156.jpg
Le théâtre magnifique est le domaine des Idées Incarnées.
(Les Incarnations, Préface inédite de 1887.)
S.-P.-R.
Magnifique vaillant, Camille Mauclair est un esprit rare et déjà fécond de la génération benjamine : il n'a pas vingt ans, et l'on sait des maîtres qui le considèrent et des valets qui l'envient. Il serait oiseux de prévisager l'œuvre à venir des Chérubin, il suffit de reconnaître que Mauclair, comme aussi les meilleurs de ses pairs en âge, ont gagné, dès leurs primes armes, une grandiose place dans l'estime des aînés.
Serait-ce une génération d'Enfants Sublimes?
Mais attendons qu'ils aient quitté la Chimérie tapissée d'illusions et d'hypothèses pour entrer dans l'expérience aux pluies et rayons nécessaires : la vie, n'est-ce pas l'hôtel-de-la-monnoye où, frappé au sceau de la personnalité, le lingot du rêve obtient cours dans l'espace et le temps immortels?
Quoi qu'il advienne, on peut d'ores et déjà tenir ladite génération pour acquise à cette religion de la flamme divine à l'usage de l'homme, dont les résolus poètes se disposent à l'action spontanée de l'œuvre par l'œuvre. Prévenus contre l'extrême athée du réalisme, ces jeunes esprits viennent délibérément à l'Idéoréalisme, présomptif étincelant et salutaire des deux confessions ennemies.
Le positivisme fut aussi moindre, écrivons relatif, en entier succès d'art que le métaphysicisme : deux domaines trop abstrait ou trop imparfait dans chacun desquels l'oisif égoïste et taciturne a pu se complaire, mais où le créateur éloquent et généreux perdait sinon la somme de sa vigueur du moins une part de cette somme. L'œuvre issue soit d'un matérialisme