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corps, d'abord à peine, puis davantage, et ce corps finalement apparaîtra massif. La forme incontestablement naîtra de l'idée. Utopie, non pas ! C'est dans l'évolution universelle. Les reliefs de l'œuvre jusqu'ici latente s'affirment de plus en plus, ils se dégagent de l'incubation. Les trois périodes de notre art subjectif sont la période de brise, la période d’onde, la période de glace. Une visibilité s'accusant de siècles en siècles. Nos maîtres vécurent la période de brise, nous sommes au bord de la période d’onde, nos disciples très lointains connaîtront la période de glace, c'est-a-dire de tangibilité, la période sculpturale. Cette sculpture, qui plus tard sera réelle, n'est actuellement, par l'effort, que dans notre désir ; nous nous consolons devant la sculpture illusoirement préludive du Théâtre (3).
Par ce temps de canailleries confraternelles et d'enthousiasme apeuré, on ne saurait assez rendre grâces au poète qui parle bellement d'un poète : tel Camille Mauclair de Maurice Maeterlinck.
Avant ses Notes éparses sur le Barrésisme et son Essai de dramaturgie symbolique, pages d'un pénétrance forte, Mauclair avait publié sur Maeterlinck une étude qui charma les amis du poète de Gand.
Au Théâtre d'Art, au cours de sa conférence, Mauclair nous offrit, avec une intense judiciosité, l'analyse et l'intime raison de la Princesse Maleine, de l’Intruse,