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de voir M. Elskamp devenir un agréable rythmeur de lieder mélancoliques.
A. F. H.
Les Septs Sages et la jeunesse contemporaine, par Julien Leclercq (A. L. Charles). — L'influence de malfaiteurs publics comme M. Jules Simon et quelques autres compagnons du Devoir s'exerce déjà, à leur insu peut-être, sur des jeunes gens que leurs actes antérieurs ne semblaient pas réserver à un aussi triste destin. Voici, par exemple, M. Julien Leclercq qui promettait d'être un tendre poète, mélancolique et sentimental, et qui prêche à son tour sa petite croisade particulière : je dis sa croisade et non la croisade, parce que chacun des apôtres nouveaux prétend à une entière indépendance et excommunie volontiers les fidèles de l'église voisine. Ernest Renan, Hyppolyte Taine, Gustave Flaubert, Leconte de Lisle, Charles Baudelaire, Stendhal, Edmond de Goncourt ont eu sur la génération née de 1860 à 1870 la plus détestable influence : ils sont, par antiphrase, les sept sages qui nous ont enseigné la négation, le scepticisme, le mépris de la vie ; par leur faute, les jeunes littérateurs manquent généralement de délicatesse et de loyauté et composent un assez triste ramas de forbans. M. Julien Leclercq affirme au contraire que « nous ne devons avoir d'autre philosophie que celle que porte en lui tout homme en naissant », et que pour sa part, il ne veut pas dire de choses originales ; puis il s'écrie : « Aimons! » et fait aussi remarquer qu'il « vaut mieux » ne pas être un bandit, un proxénète, un louche ambitieux. Quant au résultat de cette régénération qu'il annonce, il faut attendre : « Nous dénions à quiconque écrit-il, le droit de nous juger avant cinq ou six ans ; car nous comptons refaire une jeunesse vivante. » Encore qu'une pareille défense puisse embarrasser la critique qui ne se croit point le don de prophétie, je ferai observer à M. Julien Leclercq que la corrélation entre ses deux thèses n'est pas tout à fait certaine, et que la chanson de Gavroche :
Il est tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire!
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à Rousseau!
indiquerait assez plaisamment le vieux paralogisme où il s'est laissé entraîner. Au moins faudrait-il que ces thèses fussent solidement établies : l'une d'elles, celle qui a trait à l'intense canaillerie de nos contemporains, est le résultat de l'observation ; mais je crains que l'auteur n'ait généralisé un peu hâtivement et je connais nombre de galants hommes parmi les plus forcenés négateurs; tandis que pour choisir des exemples illustres, Musset, non content d'être un assez mauvais poète, se conduisit comme un fort vilain sire, et le doux Brizeux selon des souvenirs autorisés, battait sa mère plusieurs fois par semaine. Il y a bien le cas de M. Maurice Barrès, qui est traité ici avec une sauvage dureté pour des peccadilles électorales (encore y avait-il quelque élégance à faire passer