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l'auteur ne dit-il pas : « Il suffit qu'un roman plaise un peu, distraction d'une heure pour une aimable désœuvrée, car il n'est guère plus que la femme qui lise. » Et à ce seul point de vue modeste, malgré le souvenir des Amoureux de Sainte-Périne, l'écrivain a réalisé son rêve.
Daisy, par
Max Waller (Bruxelles, Lacomblez). – Ce petit roman, œuvre d'un esprit resté très jeune, malgré une apparente maturité littéraire, n'est aucunement sans intérêt. Au moins une page sur trois (dans les descriptions et les évocations de rêves); le style en est d'une bonne venue, consolidé par un tas de petites hardiesses qui rendent indulgent pour d'autres étais et ornements trop connus. L'histoire n'est pas bien neuve, mais le caractère du grand peintre Turner parait juste; Daisy est charmante, et les mœurs anglaises, familières à l'auteur, sont rendues avec vérité.
Cas Passionnels, par
René Maizeroy (Paul Ollendorff). – Il y a un grand charme pour les honnêtes petites gens qui travaillent, végètent péniblement, jouissent peu, à lire des histoires de « viveurs ». Tout leur en plait, les noms : MM. de
Rosarieulles, Bob Harisson, Marchenoir, de Minervoix, d'Andéol; les petits noms:
Roger, Urbain, Archibald; l'insouciance de ces beaux mondains qui paient, sans escompte, chaque nouveau cœur d'un billet de cent mille francs de rentes, au moins; l'élégance qu'ils ont ensuite à « se faire sauter le caisson. » Des femmes et des hommes préoccupés seulement d'amour ne doivent pas s'aimer qu'avec science, et on pourrait extraire de
Cas Passionnels leur méthode. M. Maizeroy est un de ceux qui possèdent le mieux le langage des amants. Il connaît des termes précieux plus troublants que la chose même. Je ne sais pas s'il a crée le mot « enchaleuré », mais il l'emploie à propos, quand un autre mot exprimerait mal l'état de deux corps « qui veulent en finir ». Non qu'il aille jamais jusqu'au tableau cru : il se contente d'y préparer, d'allumer la page qu'on tourne vite avec le désir que la page qui suit soit en feu. Oui, ça brûle souvent, afin que la lectrice fiévreuse rougisse d'une flamme purifiante, et que le lecteur viril encore ferme étroitement sa robe de chambre. Je me demande si je me fais bien comprendre.
Est-il besoin de citer quelques lignes prises ça et là, au hasard, détachées de
La Bonne Leçon, Crime Passionnels, La Canne, L'Entr'acte? Dans presque tous ses contes, M. Maizeroy recherche passionnément, sans peur en cette gymnastique périlleuse, la difficulté de trouver, pour ses couples qui s'enlacent, des baisers neufs, des cris, des rugissement inentendu. Après, quand ils se sont aimés très fort, ses amants n'ont que le mélancolique regret de ne pas s'être assez aimés. La solitude les épouvante. Jacques Mortagne délaissé « ne peut s'endormir, s'étire, se tourne, se retourne, baille... Le petit jour blême, louche, qui filtre entre les lamelles des persiennes, le surprend, les yeux ouverts, le cœur battant, les lèvres gercées de fièvre, mais tout heureux que cette nuit