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plusieurs semaines, les compagnons Grave, de la Révolte et d’Axa, de l’Endehors, sont menacés de poursuites, sous l’inculpation d’avoir contrevenu, par la voie de la presse, aux articles 265 et suivants du code pénal, que voici :
265. Toute association de malfaiteurs envers les personnes ou les propriétés est un crime contre la paix publique.
266. Ce crime existe par le seul fait d’organisation de bandes ou de correspondance entre elles et leurs chefs ou commandants ou de conventions tendant à rendre ou à faire distribution ou partage du produit des méfaits.
267. Quand le crime n’aura pas été accompagné ni suivi d’aucun autre, les auteurs, directeurs de l’association, et les commandants en chef ou en sous-ordre de ces bandes, seront punis des travaux forcés à temps.
268. Seront punis de la réclusion tous les autres inidividus chargés d’un service quelconque dans ces bandes et ceux qui auront sciemment et volontairement fourni aux bandes ou à leurs divisions des armes, munitions, instruments de crime, logement, retraite ou lieu de réunion.
Il est inutile même de protester et de s’indigner : une fantaisie aussi grandiose ne peut avoir été imaginée que pour désopiler la rate de la bourgeoisie, facheusement obstinée depuis les derniers incidents.
P.Q.
On annonce, de Gabriel Randon, un roman-pamphlet, l’Imposteur, destiné, croyons-nous, à faire quelque bruit. L’auteur suppose la réincarnation, ou et plus théologiquement (Jésus-Christ étant monté charnellement au ciel) la re-venue de Jésus sur la terre, - croyance ou rêve que professent encore quelques Millénaires. Christ est ressuscité,- et il se promène à travers notre époque parmi des aventures identiques, des personnages identiques aux aventures et aux personnages évangéliques. Les temps sont les mêmes, les persécutions sont les mêmes, mais plus après et plus stupides : on applique le code pénal à sa seconde tentative de rénovation, on le poursuit pour ses prétendues violations présentes de la loi, et aussi -cela c’est une trouvaille - pour ses agissements de jadis. Que ne fera-t-on pas contre Jésus ? Sur la proposition de M. Quesnay de Beaurepaire, la prescription est abolie en ce qui le concerne, et, par exemple, avoir ressuscité Lazare, c’est, lui clame l’insigne procureur, s’être rendu coupable de violation de sépulture !
La peine de mort abolie de fait (en les temps proches que devance l’Imposteur), est rétablie spécialement à l'intention de ce gêneur - et c’est le crucifiement. La Croix se dresse sur les hauteurs de Montmartre : pour la seconde fois Jésus expie le crime d’avoir aimé les hommes.
La Bataille et le Mot d’ordre ont fusionné en la Marseillaise. Nous avons constaté avec plaisir que M. Camille de Sainte-Croix continue ses « lundis littéraires » au nouveau journal.
Notre confrère Jules Méry va passer en cour d’assises sous l’inculpation de je ne sais quel crime d’anarchie, sans doute