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pour avoir, de complicité avec M. Melnotte, transporté le vieil Homère chez M. Paul Fort. Poésie, littérature, théâtre, préoccupation d’art, le plus sagace ministère public aura bien du mal à trouver autre chose chez M. Méry et son acquittement n’est pas douteux.
L’Echo de Paris commence dans son supplément littéraire la publication de l’Ecornifleur, de Jules Renard. Notons en passant que la censure de Russie arrêta au passage ce roman de notre collaborateur. - Vive l’Alliance franco-russe tout de même !...
M. Henri Mazel fait tirer à 550 exemplaires (500 sur beau papier, à 3 fr., et 50 sur papier de Hollande, à 5 fr) La Fin des Dieux, drame en prose qu’il publia naguère à l’Ermitage. Chaque exemplaire contient un dessin d’Alexandre Séon. Adresser les souscriptions à la revue de l’Ermitage, rue de Varrennes, 26.
Une intéressante affaire a été récemment jugée en police correctionnelle. M. Jogand, dit Léo Taxil, a poursuivi pour abus de confiance ses éditeurs, sieurs Letouzey et Ané, les accusant d’avoir fait tirer des éditions subreptices de plusieurs ouvrages et de l’avoir frustré d’environ 40 000 francs. Le tribunal, tout en reconnaissant les faits, a conclu qu’aucun texte du code pénal n’était applicable en l’espèce, et, renvoyant les prévenus, a condamné le plaignant aux dépens.
Ce jugement est assez grave pour les gens de lettres, puisqu’il annule, si l’éditeur est de mauvaise foi, tout traite fixant les honoraires dus à l’auteur selon le chiffre du tirage. Il est permis à un éditeur, qui vous accuse un tirage de 1.200, de faire en secret un tirage de 10.000 et de le vendre sans donner un sou. Cela ne constitue, à proféré M. de Boislisle, « ni le délit d’abus de confiance, ni celui de contrefaçon. ». En d’autres termes, malgré tout les traités, les exemplaires d’un ouvrage tirés par les soins et aux frais d’un éditeur appartiennent audit éditeur. Ces messieurs nous paient par pure bonté d’âme ; la loi les autorise à nous envoyer promener.
L’auteur a-t-il au moins un recours au civil, - et à quel prix ?...
Sur ses vieux jours, Mme Adam devient spirite, occuliste, magiste, astrologiste,- et comique. Elle veut voir la lune, et pante généreuse, a versé cent mille francs aux mains des successeurs désintéressés de Cornélius Agrippa. Titre de la revue qui émerge incessamment : La Lumière... Mais, un recueil spirite bien connu paraissant depuis plusieurs années sous ce même vocable, il est probable que Mme Adam ne s’entêtera pas à faire enfin flamboyer ce mot (qu’elle met depuis vingt ans sous le boisseau) : La Lumière.
Littérature des journaux. De M. Michel Delines (Paris, 3 mai) : « Non, la peur n’a jamais été et ne sera jamais un élément de progrès sociale. »