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Novembre
« Je ne me souviens plus de rien. »
17 octobre.
« ..... Ce matin, j'ai cherché soigneusement et partout les feuilles disparues : je n'ai pu les découvrir..... »
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— « Tel est le récit que je trouvai, écrit par Louis Brunel, lors de l'enquête à laquelle je dus procéder au sujet de sa mort violente. Par une étrange coïncidence, le 23 novembre un commencement d'incendie s'était déclaré dans sa chambre, occasionné sans nul doute par la chute d'une lampe placée auprès du lit.
« Le cadavre était à demi carbonisé, et cependant la tête, un peu plus respectée par les flammes, ne montrait pas la face grimaçante qu'il est d'habitude de rencontrer en pareil cas. Elle conservait au contraire un air calme, un peu souriant, comme si la douleur n'avait pas été ressentie. La main droite, intacte, tenait dans ses doigts crispés des pages de calendrier du 15 octobre au jour même de l'accident.
« La pendule s'était arrêtée sur la demie d'une heure. »
Feuilletant distraitement le manuscrit du mort, le docteur Nervis se tut, tandis que du regard il interrogeait Maurice de Hautval.
— « A vrai dire, répondit le jeune homme, il me semble que nous nous traînons, comme ce malheureux, dans un labyrinthe d'erreurs, de demi-vérités. Il y fait une nuit que le vacillant flambeau