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De MercureWiki.




J'ai vécu dans l'azur de mon oeuvre lointain,
Espérant conquérir la pourpre des mémoires
Et laisser aux hivers du vieux monde latin
Le doux verbe d'amour, torche des noirs grimoires !


Je me suis dit: Comme un vaisseau, plein d'échansons,
Mon Cœur accostera les époques futures !
Nos fils conserveront le vin de mes chansons
Au fond de respectueuses architectures !


Je serai l'amulette et le bon talisman
Que portera la vierge au col de sa tristesse !
Je serai la maîtresse et je serai l'amant !
Sous tous les ciels, j'aurai la gloire comme hôtesse !


— Mon père, j'ai jeté tous les hochets humains,
Eternels contempteurs des triomphes du Verbe,
Ne voulant employer mes deux fragiles mains
Qu'à pétrir l'or têtu de mon oeuvre superbe !..


— Mais voilà qu'aujourd'hui des frissons singuliers
Se hérissent en moi, comme un nœud de reptiles?...
— Qui donc a fait ainsi craquer les lourds piliers
Soutenant les pignons de mes hauts péristyles ?...


Mon palais qui, déjà, se découpait dans l'air
M'a paru chanceler, des caves jusqu'aux dômes,
Ainsi que, dans les temps, au formidable éclair
De votre œil, ont tremblé les toits d'or des Sodômes !


Hélas ! Quel doigt mauvais courbe vers le ravin
Le mur présomptueux et les tours de mon rêve ?...
Des hiboux m'ont crié: — « Ton oeuvre sera vain !
« Tes marbres deviendront le sable de la grève !


« Tu connaîtras la nuit !.. » Et des corbeaux m'ont dit :
— « Sur ton palais détruit, la populace abjecte
« Dressera le gibet du serf et du bandit
« Pour y clouer le corps du trop fier architecte !


« Nous mangerons ta chair !.. » Des présages de mort
Surgissent sous mes pas en sifflantes vipères !...
Arrachez le serpent de l'angoisse qui mord
Mon cou, Dieu pitoyable, ô père de mes pères !...

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