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Je sais des commerçants et des banquiers d'aujourd'hui qui, pour avoir acheté à ces étalages forains que patronne l'Etat, quelque sucre de pomme ranci de M. Lobrichon ou quelque poussiéreux pain d'épice à l'anis de M.Loustauneau, se comparent mentalement à Mécène, à Leon X où à Laurent le magnifique.

Ces singulières jouissances suffisant an public de maintenant, ne le turlupinons donc point trop — d'autant plus que ce serait sans doute très en vain - par d'amères critiques sur sa cuisine et ses pâtisseries d'élection. Bornons-nous à constater, une fois de plus, et pour les rares curieux des choses intellectuelles (si toutefois il en existe encore dans ce siècle de financiers, de jockeys et de droguistes), que l'art contemporain n'est point dans ces énormes déballages officiels où beaucoup sont tentés de le chercher, dans ces grotesques foires, moins courues des vrais artistes que des camelots en quête d'écouler leurs pacotilleux rossignols et des saltimbanques mendiant à coups de grosse caisse lézardée des bravos et des sous, sans parler des bestiaux phénomènes venus là pour les médailles!...

Sans doute, je sais qu'on peut objecter des noms glorieux égarés en ces infamantes galères, Puvis de Chavannes, Rodin, Carrière, Whistler, Sisley, Henner, quelques autres...

Mais, comptez-les !... Et puis, si vous avez quelque imagination, songez à la formidable besogne qu'aurait le Christ ressuscité s'il lui fallait, une seconde fois, chasser les marchands du temple, les autres, tous les autres - un Christ qui serait bien un peu, n'est-ce pas, le cousin de l'Hercule chez Augias!

Hélas ! les miracles sont rares, en cet âge de houille, et nous n'avons guère le droit de compter sur un nettoyage aussi fabuleux. Le mieux, en attendant l'improbable fouet du Christ ou le balai d'Hercule, c'est d'aller chercher ailleurs nos jouissances artistiques. Et, certes, ces jouissances artistiques, on peut les trouver ailleurs, qu'on le sache bien.

Loin des Salons, dont les jurys prudents les bannissent, ou dont spontanément ils s'exilent eux-mêmes, loin des mercantiles préoccupations, loin des salopes usines de pastichages et maquillages à la mécanique de leurs prétendus confrères, il est, certes, des artistes véritables qui aiment à se réclore en leurs beaux rêves, travaillant glorieusement à des œuvres méprisées, cherchant sans souci de la mode, de la fortune ni de l'actuelle popularité, à naïvement fixer, dans la glaise on sur leurs toiles, les plus subtils frissons de leurs âmes de poètes et préférant à toutes les médailles et à toutes les croix la seule approbation de leur conscience. Ils sont là, dans ce tréfonds perpétuellement fermentant, qu'ignore le public, mille jeunes hommes ardents, convaincus et désintéressés. Ils ont bouleversé, avec des fougues belles d'enfants révolutionnaires, les vieilles formules de l'école, les ponctifs de l'Académie, tous les clichés surannés dont vivent les bons élèves.

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