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ceux qu'il porte tous les jours, alors que l'homme des ateliers est obligé d'en avoir plusieurs. L'idée de La Vie Sans lutte est donc plus que contestable. Je préfère En Seine, esquisse rapide de la vie des mariniers : de jolis paysages, et parfois d'une notation très intense. Mais Premier amour, la plus longue des trois nouvelles, me parait supérieure aux deux autres, bien qu'elle ne soit qu'une simple historiette, sans autre prétention : toujours de jolis tableaux, et, ce qui est plus rare aujourd'hui, un peu d'émotion sincère, point romance. Pourquoi faut-il que le dénouement (pas neuf par surcroît) vienne tout gâter? D'ailleurs, le romanesque et le convenu abondent surtout dans les deux premières nouvelles, en ce livre qui vise à l'exactitude : on le déplore d'autant plus que le don d'observation est pour beaucoup dans le talent de M. Jean Jullien.

A.V.

 La Forêt enchantée, par Louis Duchosal (Genève, Gauchat et Eggimann).— M. Louis Duchosal est un poète d'imagination tendre et délicate. Sa langue, claire et simple, son vers, un peu mou de facture, ses images, discrètes et un peu monotones, sont loin d'être sans charmes, et il y a dans la Forêt enchantée, surtout au second livre, quelques poèmes qui vous laissent un agréable souvenir, tels : Perdu dans la Forêt, Epître aux Roses prochaines, Passante, Sur l'épinette, Au premier amour, Viviane, et une suite de lieder doux et mélancoliques et des plus gracieux, dont celui-ci :

De la laine de mon amour
Je tresse un poème ineffable
Qu'une dame, reine d'un jour,
Traverse comme dans la Fable.
Cette dame, d'un geste doux,
Semble commander quelque empire,
Et mon rêve, papillon fou,
S'est laissé prendre à son sourire.
Mon pauvre cœur est devenu
Une lyre aux cordes fragiles
Où frissonne un air inconnu
Qui n'est que pour ses doigts agiles.

 Aussi regrettons-nous que M. Duchosal ait, çà et là, omis d'effacer des taches; certaines phrases sont d'une syntaxe douteuse, les images se suivent parfois avec quelque incohérence; et enfin, pourquoi, à côté des frèles lieder que nous citions, imprimer cette lourde Ode de Genève, d'un lyrisme suranné, dune émotion trop locale, et qui ne s'harmonise pas avec le reste du livre ?

A.-F.H

 The Princess Maleine and the Intruder, by Maurice Maeterlinck. With an Introduction by Hall Caine. (Londres, Heinemann.) — Au jugement d'Arthur Symons, qui rédige, dans l'Athenoeum (23 avril), une bonne notice sur Maeterlinck,

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