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des poésies de P.-N. Roinard, A.-Ferdinand Herold; une traduction par Remy de Gourmont de deux anciens poèmes mystiques, un article du même : Le Paraclet des Poètes; un poème en prose de Saint-Pol-Roux : Le Paon; un conte de Rachilde : Piété mondaine; et des dessins de MM. Emile Bernard et Jean Verkade.
L'Art et l'Idée (Mai) donne un très intéressant article de M. Octave Uzanne sur le statuaire-décorateur Joseph Chéret, « une des physionomies les plus modestes et les plus originales de ce temps ». M. Joseph Chéret est le frère de Jules Chéret. « Les deux frères ont, du reste, une grande parenté d'art; chez eux, quoi qu'ils fassent, ils apportent la vie, le mouvement intense, jusqu'à la frénésie voluptueuse des corps dessinés ou modelés; ils conduisent sabbat charnel fougueux, entraînant, diabolique, et ils rendent palpitant tout ce qu'ils créent..... Les vases de Chéret, par exemple, les cratères, les coupes, les amphores élégantes, les jarres ventrues qu'il a décorées, ou, pour mieux dire, enguirlandées de femmes mythologiques, d'amours folâtres et de babys exquis sont des productions sans équivalent. Joseph Chéret a apporté dans cette manière un frison nouveau....; on reconnaît dans l'arrangement de ces vases, dans l'ensemble de ces décorations charmantes, ce sentiment profond, inné, païen, de la femme; que lés artistes du XVIIIe siècle portaient si bien hors d'eux. » Reproductions dans le texte et hors texte de vases, fragments décoratifs, cheminées, médailles créés par M. Joseph Chéret, puis un portrait-croquis inédit de l'artiste par son frère Jules. — Au sommaire du même numéro : Propos de table de Victor Hugo à Guernesey, et Les Étapes de la Réclame curieuse et amusante histoire du puffisme à travers les âges.
A.V.
Dans la Société Nouvelle, de beaux poèmes d'Emile Verhaeren; la suite du remarquable roman de William Mooris, l'esthète socialiste anglais (Nouvelles de nulle part); une étude de Charles Henry sur la transformation de l'Orchestre.
Dans le Banquet, d'excellents vers de Grégoire Le Roy, mais point inédits, et une étude biographique un peu incomplète sur ce bon poète, trop discret.
Deux excellents calembours de M. René Ghil dans les Écrits pour l'Art : « M. Péladan (Joseph... fin de bon sens) ................... » — « pour les Débats,(des bâts d'ânes.) ... »
P.Q.
Gazzetta Letteraria : un bon article de Giuseppe Depanis sur le dernier roman de Gabriele d'Annunzio, l'Innocente : « Comme œuvre d'art pure, c'est un des meilleurs livres publiés en Italie; la forme est merveilleuse par la clarté des images, la ciselure du style, la franche saveur d'italianité de la langue : quelques chapitres ont un relief et une force de coloris extraordinaires... »