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très détaillée qu'on doit à l'éditeur Pincebourde l'indication suivante : « Recueillement, Revue Européenne, 1er mars 1861 ; Le Boulevard, 2 janvier 1862 ». Ce titre conviendrait à la pièce ci-dessous reproduite ; mais, comme il se rapporte également à un poème des Fleurs du Mal, on ne saurait rien certifier. — L. de S.-J.
- Hélas ! qui n'a gémi sur autrui, sur soi-même ?
- Et qui n'a dit à Dieu : « Pardonnez-moi, Seigneur,
- Si personne ne m'aime et si nul n'a mon cœur !
- Ils m'ont tous corrompu ; personne ne vous aime ! »
- Alors, lassé du monde et de ses vains discours,
- Il faut lever les yeux aux voûtes sans nuages
- Et ne plus s'adresser qu'aux muettes images,
- De ceux qui n'aiment rien consolantes amours.
- Alors, alors il faut s'entourer de mystère,
- Se fermer aux regards, et, sans morgue et sans fiel,
- Sans dire à vos voisins : « Je n'aime que le ciel »,
- Dire à Dieu : « Consolez mon âme de la terre ! »
- Tel, fermé par son prêtre, un pieux monument,
- Quand sur nos sombres toits la nuit est descendue,
- Quand la foule a laissé le pavé de la rue,
- Se remplit de silence et de recueillement.
Liste des souscriptions (suite ; v. nos deux précédentes livraisons) :
Exemplaires sur papier pourpre-cardinalice (à 35 fr.) : Librairie Flammarion.
Conférence de M. Charles Morice. — Sous les auspices du Théâtre d'Art, le mercredi I5 juin, M. Charles Morice a fait, pour un auditoire de poètes et d'artistes, une causerie charmante, à propos du mot Poésie. Causerie, et non conférence, car bien que seul M. Charles Morice ait pris formellement la parole, il le fit avec un tel soin d'éviter toute pédagogie qu'une sorte de colloque mental s'établit entre lui et ses interlocuteurs muets, dans la salle, ceux-ci ne rompant le silence que pour approuver la plupart des idées qu'ils exposait avec infiniment d'ingéniosité et de délicatesse. Il a établi tout d'abord l'antinomie cruelle qui a fait la grandeur de la poésie ( « elle est l'expression humaine,