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néo-grecque, cette civilisation qui fut la première, tenant d'Athènes le génie plastique et de Rome le génie politique, où le dogme évangélique se soit, de forme et d'action, identifié aux hommes, ait trouvé sa mise en oeuvre. Et l'on se reporte, parallèlement, à l'époque où l'Asie afflua pour la première fois vers l'Europe, lorsque la Grèce ancienne fut inondée par les Perses. L'examen de cette correspondance a son utilité. Ce fut, là aussi, le choc de deux mondes, de deux croyances, Mithrâ contre Jupiter ; et, de même qu'à tous les moments de l'histoire où deux races se sont heurtées, jamais, comme alors, les idées religieuses ne revêtirent, de part et d'autre, d'aussi nombreuses matérialités ; jamais le panthéisme grec ne multiplia pareillement ses symboles, ses emblêmes, ses aspects, ses attributs ; jamais il n'y eut telle profusion d'idoles, tant de cultes particuliers. La vie nationale, comme près de cesser, voulait se définir, pour qu'il restât d'elle une mémoire éternelle, en une glorieuse, en une impérissable expression. Chacune de ses activités, pour ainsi dire divinisée et comme déjà en puissance au sein de l'infini, se manifesta hiératiquement. Et l'Hellénie en armes offrait comme le spectacle d'un camp d'Homère, où les dieux se mêlent aux hommes, et où la foudre de Jupiter et les javelots d'Achille sont noués en un même faisceau.
Qu'on nous permette, afin de mieux faire ressortir bientôt la désolation du monde oriental chrétien, bouleversé, dans sa religiosité, par la main des empereurs iconoclastes, et cela au moment précis des invasions musulmanes, qu'on nous permette de développer ce tableau des religions aux prises, sous les couleurs de deux autres époques analogues, et non moins caractéristiques, de l'histoire.
Ainsi, à la bataille d'Andrinople, qui se livra entre Constantin et Licinius, où le monde païen et le monde chrétien se heurtèrent, et non par