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L'on sait quelle répression les empereurs iconoclastes exercèrent. Léon l'Isaurien brûla la bibliothèque de l'Octogone, véritable sanctuaire où la Pensée nouvelle, païenne encore par ses procédés spéculatifs, chrétienne déjà quant à son unique but divin, s'attestait dans les monuments les plus complet du néo-platonisme et les conceptions les plus formelles des Conciles. Ainsi après les images, c'était, pour ainsi dire, le principe même de ces Images qui se trouvait aboli. Evêques ou laïques réfractaires furent dépouillés de leurs biens, emprisonnés ; la populace massacrée. Une multitude de Moines périt par le glaive. Ceux qui purent échapper se réfugièrent en Italie, auprès du pape Grégoire II.
Cette dernière circonstance est d'une importance considérable. En effet, ces débris des ordres monastiques de l'Orient importèrent ainsi en Occident la tradition de l'art des Icônes. Transplantée dans Saint-Jean-de-Latran, la fulgurante floraison de Sainte-Sophie reprit, et s'épanouit avec une nouvelle vigueur. A vrai dire, c'était l'art chrétien revenant à son berceau latin, mais magnifiquement développé, orné de tout ce que lui avait ajouté le genre néo-grec et qui adoucissait sa primitive sévérité romaine. Déjà, dès la fin du Ve siècle, l'influence byzantine avait, à ce point de vue, commencé d'agir sur l'Italie (règne de Théodoric), et les symboles, sortis des Catacombes, dans la simplicité de leur représentation primordiale, s'étaient, comme à Constantinople, matérialisés avec un faste triomphal. Les Croix latines,de même que les Croix grecques, sont gemmées, étoilées de pierreries, enguirlandées de feuillages d'or, arbor decora et fulgida (I). Lorsque la figure