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La Princesse est captive en la pâle prison.
« O Princesse captive en la pâle prison
Et qui ne vois le sourire paisible des fleurs,
Baumes vivaces qui charment l'horizon,
O Princesse captive en la pâle prison,
J'éveillerai peur toi l'aube des jours meilleurs.
Je marcherai vers la prison
Et vers les bêtes farouches aux dents sanglantes
Qui la gardent,
Vers les tigres, les dragons et les hydres;
Et de mon épée à la lame limpide
Où se jouent des lueurs violentes
Je tuerai les bêtes hagardes.
Et alors,
O Princesse libre de la pâle prison,
Tu fuiras vers les belles chansons,
La chevelure claire d'une auréole d'or.
Et le Chevalier est allé vers la prison.
Les bêtes rudes, coutumières de victoires,
Tigres monstrueux dont les quadruples mâchoires
Ont déchiré des combattants immaculés,
Dragons aux yeux de flammes aiguës, ailés
De rubis où l'éclat de la nuit se reflète,
Hydres qui ont des éclairs fauves pour aigrette
Et dont la tête se hérisse de vipères,
Tremblantes, ont cherché d'inutiles repaires,
Et le glaive du Chevalier, joyeux et pur,
S'est dressé, humide de sang-noir, vers l'azur.
Le Chevalier est allé vers la porte
Et le pommeau de son glaive a brisé la porte.