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- Grand homme, on verra ton histoire
- Parmy le recueil de mes vers;
- Ils font résonner de ta gloire
- Les quatre coins de l'Univers;
- Mais quoy,la France est estonnée
- Que d'une âme grande et bien née,
- Ma lyre ne, recoiue rien;
- A quelque bas prix qu'on la mette
- Possible, méritay-ie bien
- Les apointements d'un trompette.
(Epigramme insérée dans les Muses illustres, de François Colletet.)
Il but toutes les amertumes du poète courtisan, pour quoi il n'était pas né : il n'avait aucune inclination au maquerellage, office ordinaire de cette espèce de gens, et ne pouvait être
- Flatteur, espion ni traître,
- Ni débiteur de poulet.
(Vers héroïques.)
Avec cela, il était malade. La phthisie dont il mourut
après seize ans de fièvre, de toux et de consomption,
l'avait atteint dès 1639, ainsi qu'il dit dans la préface
de sa Panthée. En 1646, il entra dans la maison de
Henri de Guise, duc de Lorraine, qui parait avoir été
pour un maître plus libéral. En même temps, le
comte de Saint-Aignan, « la gloire des Mécènes » selon
Colletet le fils, s'intéressait à lui. Il est probable
aussi que les familiers de hôtel de Rambouillet le
tinrent en considération : Monsieur de Chaudebonne,
Madame de Sayntot, Madame de Longueville , la
duchesse d'Aiguillon, Condé, Marie-Louise de Gonzague, reine de Pologne, en un mot la plupart des
correspondants de Voiture sont de ceux à qui il dédie le
plus volontiers ses vers. Parmi les gens de lettres, il
fréquenta Scarron, et surtout Saint-Amant et Faret,
que Saint-Evremont lui donne pour interlocuteurs
dans la comédie des Académistes.
Sa réputation était grande : celle d'un dramaturge
presque illustre, aux tragédies de qui La Calprenède
inventait une suite, La Mort des enfants d'Hérode
(1639), et qui avait publié plusieurs pièces : La Mariamue, Panthée (1639), La Folie du Sage, La Mort de
Sénèque, La Mort de Crispe (1645), et d'un bon poète
lyrique, auteur de nombreux livrets épars et de trois
recueils importants : Les Amours (1638), La Lyre (1641),
Les Vers héroïques (1648). Mais il était néanmoins