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De MercureWiki.


jeune homme l'épouse, et tout porte à croire qu'ils feront beaucoup d'enfants.
 M. Chaigneau, pardonnez-moi de me moquer : le grand tort de votre histoire, voyez-vous, c'est sans doute d'être moderne ; les occultistes ont beau nous récréer avec des tourbillons de radiances et le monde des harmonies éternelles, nous n'oublions point qu'ils prêchent en redingote et en tube de soie : nous les trouvons ridicules un peu à la manière des pasteurs protestants. Ce qui fait le prestige des petites princesses de la légende, c'est justement l'incertitude de leur vie ; nous les évoquons au lointain des siècles, parmi des décors irréels et charmants ; elles sont des figures de rêve, les vagues et délicieuses apparitions d'un clair de lune mystique. Devant elles, une jeune institutrice, même peintre de fleurs et songeant de grand art (!), même fille d'un capitaine de cuirassiers tué à Reischoffen, est un être bien matériel, d'une idéalisation bien relative. Si vous ne le saviez comme moi, je vous dirais encore que le prince Charmant n'allait point à la clinique de Lariboisière, qu'il n'écrivait point de thèse sur les « Rétinites symptomatiques » ; malgré votre évident désir de nous intéresser au symbole de ce couple-citoyen, j'ai peur que vous n'ayez manifesté trop de lyrique enthousiasme dans la phraséologie nébuleuse de l'hermétisme. — Vous avez vu trouble, M. Chaigneau ; je ne vous rappelle pas à l'évidence pour vous êtes désagréable, mais examinez donc maintenant votre lanterne ; je suis sûr que vous allez y reconnaître la traditionnelle vessie.
 C. Mki.
 L'Athènes de la Sprée, par Luc Gersal (Savine). — Il s'agit d'une physiologie de Berlin. Sujet délicat entre tous par ces temps de chauvinisme. L'auteur, d'un caractère aimablement bonhomme, semble-t-il, s'est tiré à merveille de ce mauvais pas. Il a vécu longtemps dans les lieux qu'il décrit, a pénétré profondément ce monde toujours factice d'une capitale encore neuve, et il parle après mûres réflexions. Une pointe d'esprit gaulois (du bon), de la diplomatie et une grande science du détail lui permettent de nous montrer le Berlinois justement triomphant sans que nous puissions nous fâcher, et de nous le faire apercevoir ensuite sous ses mauvais jours sans qu'il s'en fâche (espérons-le). Théodore Randal (dont le Mercure a publié dernièrement un remarquable article) a fourni aux études de Luc Gersal des notes complémentaires sur le socialisme en Allemagne très curieuses. En somme, les Croquis berlinois forment une série de tableaux d'intérieur consciencieusement peints, et tous ceux que le Déroulédisme n'aveugle pas pourront faire leur profit de cette œuvre écrite en bon français… sous tous les rapports.
 ***
 Contes à la Reine, par Robert de Bonnières (Ollendorff). — M. de Bonnières, qui aime les sous-titres autant que les sous-entendus, pourrait écrire un conte appelé : « Le Bibliographe, ou Qu'il est utile quelquefois de lire un livre jusqu'au

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