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vices et les passions (aussi bien que l’héroïsme et le libre
esprit d'initiative) s y développent très heureusement, —
loin des vertus moyennes et des vices moyens, également
vomitoires.
R. G.
Expiation, par Guy de Charnacé (Savine). — Ce roman
est de la plus ridicule banalité; pour preuve de notre dire,
nous en citerons le premier alinéa: « Les hommes de ma
génération se souviennent encore du drame lugubre où
sombra la carrière d'un des jeunes diplomates les plus distingués du règne de Louis Philippe. Le cercueil d'une jeune
femme, admirablement belle, mariée in extremis, et celui
d'un enfant nouveau-né, se dirigeaient un soir, à la lumière
des torches, vers le cimetière d'un village italien. Un homme
accablé par la douleur et par le remords suivait, seul, le
funèbre convoi. A la même heure, une autre femme, sœur
de cette morte, victime, elle aussi, de cette triste situation
qui fit si grand bruit en 18.., tombait presque sans vie dans
la dernière scène. »
A.-F. H.
Comic-Salon, par Willy, dessins de Christophe (Léon
Vanier). — A Henry Gauthier la providence a ajouté Vil-art,
et c'est par un sentiment de respect excessif pour un illustre
poete qui se nommait tout simplement Gautier que l'auteur
de Comic-Salon signe Willy des œuvres peu recommandables.
Dans la science du calembour M. Willy est d'une érudition
profonde, et il n'est pas une page de lui où l'on ne constate
qu'il ait beaucoup lu et retenu; malheureusement, il ne sait
pas faire un choix, et c'est, surtout, aux auteurs anciens des
plus mauvais almanachs qu'il emprunte. Il doit à son savoir
le bon accueil que lui fit la presse quotidienne, mais il nous
étonne que, doué d'un talent aussi productif, il s'adresse avec un
désintéressement inopportun à certaines revues sans rubriques
pour son emploi. C'est là une erreur dont il reviendra. M. Willy,
dans ses écrits, ménage ses lecteurs. Comic-Salon, par
exemple, engendre plutôt cette mélancolie qui est de la
tristesse indifférente que le rire qui distrait et détourne des
travaux graves. Ce genre de lectures est utile surtout à ceux
qui écrivent et qu'inspirent les toutes petites vanités de ce
monde. Il arrive parfois que l'on se trompe sur la valeur des
styles, et je dois à M. Willy de reconnaître aujourd'hui
combien je me suis mépris vers mes douze ans sur l'impor-
tance d'une publication périodique, la Lanterne de Boquillon,
que je lisais assidûment à cause d'opinions républicaines et
anti-cléricales que j'affichais au lendemain de ma première
communion. Je parlerais volontiers des dessins de M. Christophe, mais mon ami Albert Aurier fait ici la critique d'art et
je ne veux pas empiéter sur son domaine.
J. L.
Les Illuminés, par Jac Ahrenberg et Fernande de Lysle
(H. Simonis Empis). — Scènes de la vie des Hihulites, dit
le sous-titre; et peut-être le seul intérêt de ce roman est-il