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en mon âme, et un vent de tempête y a soulevé la boue des très anciens souvenirs, qui reposait sons la trompeuse, la fictive eau-morte de l'oubli. Ne pas pouvoir arracher de sa mémoire, l'impartiale spectatrice, ces vestiges d'un autre soi-même ! Et avec quelle netteté je me revois !
 »... Longtemps j'avais subi la tentation homicide, je m'étais débattu contre l'invincible attirance du meurtre, lorsqu'un matin se leva où il me devint impossible de lutter. Je souffrais trop, et l'acte s'imposait comme une délivrance. Dès lors, je cherchai des victimes pour les sacrifier à cette passion, qui se parait de tant d'attraits. Tuer ! ce me paraissait si doux... ; et en réalité je connus là — l'aveu aujourd'hui me brûle les lèvres — oui, je connus là toutes les ivresses, tous les enchantements, toutes les voluptés.
 » Le premier, c'était un petit garçon, très blond, avec ces yeux noirs, jolis et gais.
 » Misère !
 » Je lui promis quelques billes et réussis ainsi à l'entraîner loin de la ville. Nous marchions dans des sentiers écartés — du reste, je ne rencontrai personne — et il babillait tout le long du chemin, m'apportant des fleurs qu'il cueillait. Sa joie me faisait rire, car sitôt que nous arrivâmes au bois, comme nous étions seuls, je le pris à la gorge — oh cette peau si douce et si tiède, qui palpitait sous l'étreinte ! Il était fatigué déjà, et ne se défendit guère. Or, je me rappelle bien, je serrai lentement, ému jusqu'aux moelles, regardant la mignonne figure, convulsée d'effroi, exprimer les affres suprêmes... Quand je le lâchai, il ne bougeait plus. Cela ne suffisait encore pas. Je voulais voir du sang, voir le flot visqueux écumer hors des artères, et je mutilai ce pauvre corps inerte, avec une joie telle que, rentré chez moi, je ne pus m'arrêter d'écrire aussitôt cette pensée qui me hantait : tuer un enfant, c'est bon et chaud !
 » Damnation ! songer que jamais plus cela ne saurait s'effacer, disparaître... Jamais plus, et quand même les autres ignoreraient toujours, moi, je saurais. Est-il possible que ce moi-là soit celui d'alors ? Non, pas un atome matériel n'en subsiste, et je peux lever la tête : l'autre est mort et je n'ai rien gardé de lui, puisqu'il me fait pitié, puisqu'à me rappeler que celui-là fut moi, une commisération immense m'envahit jusqu'à l'angoisse.. »

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