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Version du 20 novembre 2014 à 12:04
Qu'elle est étrange, la belle Reine Genièvre.
Dans la paix du jardin glorieux et charmé
Monte un murmure, comme d'une source brève:
Et c'est la voix palpitante du Bien-aimé.
Qu'elle est joyeuse, là belle Reine Genièvre.
Où les pages? où l'Enchanteur ? où le vieux Roi?
Le printemps fleurit dans les arbres pleins de sève,
C'est l'heure chère des étreintes sans effroi,
Qu'elle est heureuse, la belle Reine Genièvre.
L'Amante s'est enfuie ;ï travers les forêts.
Sans craindre les faims lourdes des loups ni les rondes
Des noirs démons et des sorcières vagabondes,
Elle marche, rêvant un rêve clair et frais.
L'hiver pâle a tué le soleil aux doux rais.
Et le vent triste éparpille ses tresses blondes;
Elle boit aux torrents d'âpres et froides ondes,
Et, lasse, dort parmi les lichens et les grés.
Elle marche, elle marche encore; des prairies
Se prolongent, monotones et défleuries:
Nulle larme ne point à son œil calme et fier.
Là-bas, en un pays de jeunesse et d'aurore,
Tenant la hache rude et le glaive de fer,
Règne le Héros qui l'attend et qu'elle adore.
A.-Ferdinand Herold.