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Vieux piteux colporteur de rêve et d'harmonie,  
 
Vieux piteux colporteur de rêve et d'harmonie,  
 
Las d'avoir promené 1 or nié de ses chants  
 
Las d'avoir promené 1 or nié de ses chants  
 
Et son cœur de cristal par. les ronces des champs  
 
Et son cœur de cristal par. les ronces des champs  
 
Et les rires grossiers des cités d'Ionie,  
 
Et les rires grossiers des cités d'Ionie,  
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Exténué, les pieds saignants, les reins rompus,  
 
Exténué, les pieds saignants, les reins rompus,  
 
T.'écume du blasphème à sa caduque bouche,  
 
T.'écume du blasphème à sa caduque bouche,  
 
Et ses deux poings crispés en un geste farouche  
 
Et ses deux poings crispés en un geste farouche  
 
Tendus vers les palais des chefs gras et repus,  
 
Tendus vers les palais des chefs gras et repus,  
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Comme un forçat jetant les débris de sa chaîne,  
 
Comme un forçat jetant les débris de sa chaîne,  
 
Ayant précipité son luth longtemps maudit  
 
Ayant précipité son luth longtemps maudit  
 
Dans l'océan de pourpre, Homère se pendit  
 
Dans l'océan de pourpre, Homère se pendit  
— Muet ainsi qu'un dieu—au bois noueux d'un chêne !.  
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— Muet ainsi qu'un dieu—au bois noueux d'un chêne !...  
II
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Le vent a lacéré son corps comme un drapeau;  
 
Le vent a lacéré son corps comme un drapeau;  
 
Les corbeaux, les vautours et les becs et les serres  
 
Les corbeaux, les vautours et les becs et les serres  
 
Ont mangé sa cervelle et fouillé ses viscères,  
 
Ont mangé sa cervelle et fouillé ses viscères,  
 
Et les vers ont rongé les lambeaux de sa peau...  
 
Et les vers ont rongé les lambeaux de sa peau...  
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Deux mille ans ont neigé sur le mort solitaire;  
 
Deux mille ans ont neigé sur le mort solitaire;  
 
Le squelette exilé de l'urne et de l'autel  
 
Le squelette exilé de l'urne et de l'autel  
 
Se balance toujours au grand chêne immortel,  
 
Se balance toujours au grand chêne immortel,  
 
Trop homme pour l'azur et trop dieu pour la terre !.  
 
Trop homme pour l'azur et trop dieu pour la terre !.  
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Mais, par le bon vouloir de l'archer de Claros,  
 
Mais, par le bon vouloir de l'archer de Claros,  
 
Cette carcasse est devenue un luth sonore  
 
Cette carcasse est devenue un luth sonore  
 
D'où monte un hymne pur qui menace et s'éplore  
 
D'où monte un hymne pur qui menace et s'éplore  
 
Quand la brise se joue au treillis de ses os...  
 
Quand la brise se joue au treillis de ses os...  
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Et de tous les hameaux des royaumes hellènes  
 
Et de tous les hameaux des royaumes hellènes  
 
Bien des gens sont venus, depuis ce temps ancien,  
 
Bien des gens sont venus, depuis ce temps ancien,  
 
S'asseoir sous les talons du pendu musicien  
 
S'asseoir sous les talons du pendu musicien  
 
Sans daigner écouter ses tristes cantilènes.'  
 
Sans daigner écouter ses tristes cantilènes.'  
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Bien des gens sontvenus, depuis ce temps ancien,  
 
Bien des gens sontvenus, depuis ce temps ancien,  
 
Des Scythes, des Latins, des Huns et des Hellènes,  
 
Des Scythes, des Latins, des Huns et des Hellènes,  
 
Qui, l'oreille bouchée aux belles cantilènes,  
 
Qui, l'oreille bouchée aux belles cantilènes,  
N'ont daigné remarquer le pendu musicien I...  
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N'ont daigné remarquer le pendu musicien !...  
III
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Le vieux guerrier vaincu que la fuite harasse,  
 
Le vieux guerrier vaincu que la fuite harasse,  
 
Ayant abandonné son cheval embourbé<noinclude>
 
Ayant abandonné son cheval embourbé<noinclude>
 
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Version du 20 novembre 2014 à 13:30


LE PENDU
I

Vieux piteux colporteur de rêve et d'harmonie, Las d'avoir promené 1 or nié de ses chants Et son cœur de cristal par. les ronces des champs Et les rires grossiers des cités d'Ionie,

Exténué, les pieds saignants, les reins rompus, T.'écume du blasphème à sa caduque bouche, Et ses deux poings crispés en un geste farouche Tendus vers les palais des chefs gras et repus,

Comme un forçat jetant les débris de sa chaîne, Ayant précipité son luth longtemps maudit Dans l'océan de pourpre, Homère se pendit — Muet ainsi qu'un dieu—au bois noueux d'un chêne !...

II

Le vent a lacéré son corps comme un drapeau; Les corbeaux, les vautours et les becs et les serres Ont mangé sa cervelle et fouillé ses viscères, Et les vers ont rongé les lambeaux de sa peau...

Deux mille ans ont neigé sur le mort solitaire; Le squelette exilé de l'urne et de l'autel Se balance toujours au grand chêne immortel, Trop homme pour l'azur et trop dieu pour la terre !.

Mais, par le bon vouloir de l'archer de Claros, Cette carcasse est devenue un luth sonore D'où monte un hymne pur qui menace et s'éplore Quand la brise se joue au treillis de ses os...

Et de tous les hameaux des royaumes hellènes Bien des gens sont venus, depuis ce temps ancien, S'asseoir sous les talons du pendu musicien Sans daigner écouter ses tristes cantilènes.'

Bien des gens sontvenus, depuis ce temps ancien, Des Scythes, des Latins, des Huns et des Hellènes, Qui, l'oreille bouchée aux belles cantilènes, N'ont daigné remarquer le pendu musicien !...

III

Le vieux guerrier vaincu que la fuite harasse, Ayant abandonné son cheval embourbé

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