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Il y avait chez les anciens Romains un certain Dieu Janus, assez modeste, presque ridicule à force de candeur, que l'on nommait Bifrons, à cause qu'il était représenté avec un double visage. M. Anatole France, dans l'ordre littéraire, n'est pas sans lui ressembler beaucoup; non certes que cet écrivain soit candide et ridicule, ni que le symbole doive être ici interprété au sens moral, ainsi que le pourraient penser de méchantes personnes: il ne faudrait point croire en effet que l'on voulût ingénieusement faire allusion à l'attitude parfois ambiguë de l'honorable polygraphe. C'est là, en toute simplicité, une manière de dire que par une évidente et rare faveur du ciel M. Anatole France est en même temps créateur et critique. Il peut ainsi, selon les jours, agréer ou déplaire au même lecteur, et tel qui fut offensé par ses critiques n'osera point se refuser au charme de ses poèmes ou de ses contes. J'en sais qui ne lui pardonneront point de sitôt le silence criminel, ou peu s'en faut, à Tégard d'œuvres qu'il devrait mieux que personne apprécier, sa prolixité, au contraire, sous ombre de fantaisie, sur des sujets extérieurs à la littérature, ni les louanges envenimées, plus cruelles que l'outrage loyal, adressées à la plupart de ceux que nous aimons parmi les morts et parmi les vivants. Et cependant, à moins d'être bourreau de soi-même, il faut s'abandonner avec<br /><br />
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Il y avait chez les anciens Romains un certain Dieu Janus, assez modeste, presque ridicule à force de candeur, que l'on nommait Bifrons, à cause qu'il était représenté avec un double visage. M. Anatole France, dans l'ordre littéraire, n'est pas sans lui ressembler beaucoup; non certes que cet écrivain soit candide et ridicule, ni que le symbole doive être ici interprété au sens moral, ainsi que le pourraient penser de méchantes personnes: il ne faudrait point croire en effet que l'on voulût ingénieusement faire allusion à l'attitude parfois ambiguë de l'honorable polygraphe. C'est là, en toute simplicité, une manière de dire que par une évidente et rare faveur du ciel M. Anatole France est en même temps créateur et critique. Il peut ainsi, selon les jours, agréer ou déplaire au même lecteur, et tel qui fut offensé par ses critiques n'osera point se refuser au charme de ses poèmes ou de ses contes. J'en sais qui ne lui pardonneront point de sitôt le silence criminel, ou peu s'en faut, à Tégard d'œuvres qu'il devrait mieux que personne apprécier, sa prolixité, au contraire, sous ombre de fantaisie, sur des sujets extérieurs à la littérature, ni les louanges envenimées, plus cruelles que l'outrage loyal, adressées à la plupart de ceux que nous aimons parmi les morts et parmi les vivants. Et cependant, à moins d'être bourreau de soi-même, il faut s'abandonner avec<br /><br /><noinclude>
(I) A propos de l'''Etui de Nacrce''. (I Vol gr.in-18. Calmann Lévy.) .<noinclude>
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Version du 20 novembre 2014 à 12:25


ANATOLE FRANCE(I)


II ne résistait pas; il glissait; il

s'échappait par d'heureuses perfidies.

(Anatole France : Jean Racine.)


Il y avait chez les anciens Romains un certain Dieu Janus, assez modeste, presque ridicule à force de candeur, que l'on nommait Bifrons, à cause qu'il était représenté avec un double visage. M. Anatole France, dans l'ordre littéraire, n'est pas sans lui ressembler beaucoup; non certes que cet écrivain soit candide et ridicule, ni que le symbole doive être ici interprété au sens moral, ainsi que le pourraient penser de méchantes personnes: il ne faudrait point croire en effet que l'on voulût ingénieusement faire allusion à l'attitude parfois ambiguë de l'honorable polygraphe. C'est là, en toute simplicité, une manière de dire que par une évidente et rare faveur du ciel M. Anatole France est en même temps créateur et critique. Il peut ainsi, selon les jours, agréer ou déplaire au même lecteur, et tel qui fut offensé par ses critiques n'osera point se refuser au charme de ses poèmes ou de ses contes. J'en sais qui ne lui pardonneront point de sitôt le silence criminel, ou peu s'en faut, à Tégard d'œuvres qu'il devrait mieux que personne apprécier, sa prolixité, au contraire, sous ombre de fantaisie, sur des sujets extérieurs à la littérature, ni les louanges envenimées, plus cruelles que l'outrage loyal, adressées à la plupart de ceux que nous aimons parmi les morts et parmi les vivants. Et cependant, à moins d'être bourreau de soi-même, il faut s'abandonner avec

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