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</noinclude>grâce d'une heureuse nonchalance. Son insouciante désinvolture est telle qu'il lui arrivera même, en sa hâte d'écrire, d'oublier à quelques lignes de distance le nom de ses personnages (2), mais sans qu'un instant la phrase perde son équilibre et se déshonore à tituber. Et les syllabes se déroulent noblement, comme une théorie de canéphores. On devine bien une science cachée, un art secret : mais le charme est tel qu'il empêche de réfléchir. Lisez une strophe comme celle-ci : « Elles dansent avec tant de langueur, les femmes de Syrie ! J'ai connu une Juive de Jérusalem qui, dans un bouge, à la lueur d'une petite lampe fumeuse, sur un méchant tapis, dansait en élevant ses bras pour choquer ses cymbales. Les reins cambrés, la tête renversée et comme entraînée par le poids de ses lourds cheveux roux, les yeux noyés de volupté, ardente et languissante, souple, elle aurait fait pâlir d'envie Cléopâtre elle-même. » Seul un démon, ennemi de votre plaisir, vous révélerait le mystère et susurrerait à votre mémoire les vers des ''Catalccta'':
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</noinclude>grâce d'une heureuse nonchalance. Son insouciante désinvolture est telle qu'il lui arrivera même, en sa hâte d'écrire, d'oublier à quelques lignes de distance le nom de ses personnages (2), mais sans qu'un instant la phrase perde son équilibre et se déshonore à tituber. Et les syllabes se déroulent noblement, comme une théorie de canéphores. On devine bien une science cachée, un art secret : mais le charme est tel qu'il empêche de réfléchir. Lisez une strophe comme celle-ci : « Elles dansent avec tant de langueur, les femmes de Syrie ! J'ai connu une Juive de Jérusalem qui, dans un bouge, à la lueur d'une petite lampe fumeuse, sur un méchant tapis, dansait en élevant ses bras pour choquer ses cymbales. Les reins cambrés, la tête renversée et comme entraînée par le poids de ses lourds cheveux roux, les yeux noyés de volupté, ardente et languissante, souple, elle aurait fait pâlir d'envie Cléopâtre elle-même. » Seul un démon, ennemi de votre plaisir, vous révélerait le mystère et susurrerait à votre mémoire les vers des ''Catalecta'':
{{smaller|<br /><center></center>Copa Syrisca caput Graia redimita mitella  
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{{smaller|<br />{{gap}}Copa Syrisca caput Graia redimita mitella  
<br /><center></center>Crispum sub crotalo docta mouere latus  
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<br /><center></center>Ebria fumosa (3) saltat lasciua taberna  
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<br /><center></center>Ad cubitum raucos excutiens calamos.}}  
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<br />{{gap}}Oui, un démon qui traiterait le style de M. Anatole France ainsi que le sacrilège conteur traita les dieux. Je ne veux point t'entendre, adversaire de la beauté verbale. Va-t'en et ne gâte pas ma joie en évoquant à côté d'Hélène, fille de Léda, les larves risibles de l'Ecole romane, sous leurgrotesque souquenille empruntée, haillon par haillon, aux glorieux ancêtres.
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{{gap}}Oui, un démon qui traiterait le style de M. Anatole France ainsi que le sacrilège conteur traita les dieux. Je ne veux point t'entendre, adversaire de la beauté verbale. Va-t'en et ne gâte pas ma joie en évoquant à côté d'Hélène, fille de Léda, les larves risibles de l'Ecole romane, sous leur grotesque souquenille empruntée, haillon par haillon, aux glorieux ancêtres.
<br />{{right|{{sc|PIERRE QUILLARD}}}}.
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<br />{{right|{{sc|Pierre Quillard}}}}.
  
<br />(1) A propos de l'''Etui de Nacre''. (I Vol gr. in-18. Calmann Lévy.).<br />
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(1) A propos de l'''Etui de Nacre''. (I Vol gr. in-18. Calmann Lévy.).<br />
 
(2) Cf ''L'Etui de Nacre'', pages 249 et 252 (Germain devient Marcel), et pages 287 et 288 (Fanny d'Avenay s'appelle momentanément Pauline).
 
(2) Cf ''L'Etui de Nacre'', pages 249 et 252 (Germain devient Marcel), et pages 287 et 288 (Fanny d'Avenay s'appelle momentanément Pauline).
<br />(3) Certains manuscrits portent ''famosa''; mais M. Anatole France est trop bien informé pour ignorer aucune variante}}<br /><noinclude>
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<br />(3) Certains manuscrits portent ''famosa''; mais M. Anatole France est trop bien informé pour ignorer aucune variante<br /><noinclude>
 
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Version actuelle en date du 24 décembre 2014 à 10:49


grâce d'une heureuse nonchalance. Son insouciante désinvolture est telle qu'il lui arrivera même, en sa hâte d'écrire, d'oublier à quelques lignes de distance le nom de ses personnages (2), mais sans qu'un instant la phrase perde son équilibre et se déshonore à tituber. Et les syllabes se déroulent noblement, comme une théorie de canéphores. On devine bien une science cachée, un art secret : mais le charme est tel qu'il empêche de réfléchir. Lisez une strophe comme celle-ci : « Elles dansent avec tant de langueur, les femmes de Syrie ! J'ai connu une Juive de Jérusalem qui, dans un bouge, à la lueur d'une petite lampe fumeuse, sur un méchant tapis, dansait en élevant ses bras pour choquer ses cymbales. Les reins cambrés, la tête renversée et comme entraînée par le poids de ses lourds cheveux roux, les yeux noyés de volupté, ardente et languissante, souple, elle aurait fait pâlir d'envie Cléopâtre elle-même. » Seul un démon, ennemi de votre plaisir, vous révélerait le mystère et susurrerait à votre mémoire les vers des Catalecta:
 Copa Syrisca caput Graia redimita mitella
  Crispum sub crotalo docta mouere latus
 Ebria fumosa (3) saltat lasciua taberna
  Ad cubitum raucos excutiens calamos.

 Oui, un démon qui traiterait le style de M. Anatole France ainsi que le sacrilège conteur traita les dieux. Je ne veux point t'entendre, adversaire de la beauté verbale. Va-t'en et ne gâte pas ma joie en évoquant à côté d'Hélène, fille de Léda, les larves risibles de l'Ecole romane, sous leur grotesque souquenille empruntée, haillon par haillon, aux glorieux ancêtres.


Pierre Quillard

.

(1) A propos de l'Etui de Nacre. (I Vol gr. in-18. Calmann Lévy.).
(2) Cf L'Etui de Nacre, pages 249 et 252 (Germain devient Marcel), et pages 287 et 288 (Fanny d'Avenay s'appelle momentanément Pauline).
(3) Certains manuscrits portent famosa; mais M. Anatole France est trop bien informé pour ignorer aucune variante

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