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 8 mai. — J'ai été présenté à quelques jeunes gens pâles qui m'ont admis à présider un dîner appelé le « Dîner de la Plume ». Figurez-vous que c'était un dîner où l'on ne mange rien du tout. Les plats sont fictifs, et l'on somme de remporter les restes des domestiques supposés réels qui soi-disant circulent autour de vous. Ça, c'est très commode pour manger ce qu'on veut : il y en a qui préfèrent du perdreau, les autres des pâtés succulents, les autres des pâtisseries rares ; bien entendu, tout cela imaginaire ; moi, je ne savais pas qu'on pouvait se nourrir comme ça quand on était génial. Enfin ! J'avais apporté un peu de saucisson que j'ai dévoré en cachette. N'empêche que ces jeunes gens sont charmants. Ils prennent du haschich, disent des vers, se prêtent leurs femmes et souffrent les misères d'ici-bas avec un stoïcisme admirable.
 9 mai. — Je passe maintenant presque toutes mes nuits dehors. Je ne rentre qu'au petit jour. Après, je dors. Je n'écris plus rien du tout. A quoi bon, puisque je suis génial ! Je fume, je bois beaucoup d'absinthe. Je cours les mauvais lieux. Dans peu de temps je n'aurai plus le sou ; alors je ferai de la fausse monnaie, comme jadis Villon !
  (Trois mois de génie par un Homme de Bon Sens.)

 Nous arrêtons là nos citations. Elles suffisent pour montrer sur quelle déplorable pente glissaient l'honneur et la raison de l'éminent critique.
 Apprenons encore à nos lecteurs terrifiés que M. Sarcey continua pendant quatre-vingt-dix jours la série de ses fantaisies. Disons qu'après des feuilletons incohérents l'accès des journaux lui fut interdit, et que, rejeté du sein des rédactions honnêtes, il tomba dans la misère la plus noire, juste châtiment de ses folies. Il devint morphinomane, il eut des duels, il rossa des gardiens de la paix, il fréquenta ses illustres « Plumitifs » et coucha dans leurs taudis. Oui, durant un trimestre, M. Sarcey fut un objet d'horreur pour les ménagères engrossées, car il se promenait dans les rues de la capitale les cheveux incultes, les yeux purs levés au firmament comme un martyr des premiers temps chrétiens... Disons enfin qu'acculé aux dernières limites de l'exaltation il tenta de faire sauter à la dynamite le Conservatoire. On l'arrêta comme il allait perpétrer ce crime, et l'on mit un terme à ses vociférations en l'envoyant à Sainte-Anne. Là, M.Sarcey recouvra la santé spirituelle après un court séjour, santé précieuse que depuis, Dieu merci ! il n'a jamais plus reperdue.
 Il est assagi désormais, il a reconnu ses erreurs, et

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