Warning: Parameter 3 to pr_pageQuality() expected to be a reference, value given in /home/formationn/www/mercurewiki/includes/parser/Parser.php on line 3470
Page:Mercure de France tome 006 1892 page 248.jpg - MercureWiki

Page:Mercure de France tome 006 1892 page 248.jpg

De MercureWiki.
(Différences entre les versions)
(Page créée avec « <noinclude><pagequality level="1" user="Leclercmarie" /><div class="pagetext"> </noinclude>Jésus tombé dans le torrent de Cédron,tout mouillé et transi de froid, Jésus… »)
 
Ligne 2 : Ligne 2 :
  
  
</noinclude>Jésus tombé dans le torrent de Cédron,tout mouillé et transi de froid,
+
</noinclude>LETTRES DE MON ERMITAGE (i)
Jésus mocqué, baffoiïé, souffleté, traite de coups de pieds et de poings,
+
A TRÈS HAUTE ET PUISSANTE DAME CHOCOLAT MÉNIER, EN SA TERRE DE NOISIEL
Jésus dépoïiillé tout nud quatre fois avec ignominie, ésus fouetté jusqu'au sang et déchiré de coups, ésus détaché de la colomne et tombé dans votre sang,
+
Chelles-Gournay, le ai septembre 1892. Vous régnez, madame, sur une Ile fortunée où le Maître des Empires se plut à magnifier en votre personne l'omnipotente gloire de la victorieuse Epicerie. Aux rives paresseuses de la Marne, parmi les bouleaux et les tilleuls argentés, votre fief consacre aux yeux l'intime splendeur qui vous égale aux Rois. Promenoirs fleuris, jardins en fête, villas sous les rosiers, une province entière porte le signe coruscant de votre féodalité. Comme Diane au sein de moindres feux, la maison que vous daignez habiter se révèle entre les cottages de Messeigneurs vos enfants par quelque chose d'estomirande qui, tout d'abord, fait naître dans les entrailles une copieuse vérécundie. Ce sont les bustes de la gent Ménier, dont on voit cette demeure guirlandée. Eternels dans la pierre vive, ces droguistes surhumains protègent d'une immarcessible grandeur l'apanage de leurs hoirs. Non, le buste même du moutardier Potin, que j'ai souventefois contemplé dans la nef élevée par ses soins aux Denrées Coloniales, ne m'a pas tant ému. Etait-ce la transparence amie de ce matin d'automne ou le clairet angevin dont l'hôtelier Benoist arrose ses fritures? mais c'est avec une dévotion componctueuse que je saluai en images les fondateurs de votre dynastie. Ces bustes m'ont parlé des vertus fortes et des impériales<noinclude>
Jésus couronné de poignantes épines, ésus vêtu d'une méchante robe,- et traité comme un Roi de farce,
+
Jésus chargé du lourd fardeau de la Croix sur vos épaules déchirées,
+
Jésus cloué avec d'horribles douleurs à la Croix, Jésus tout en playes depuis la plante de? pieds percez jusqu'à la tête couronnée d'épines,
+
Jésus, l'homme de douleurs, ayez pitié de nous.
+
Je remercierai encore M. de Gourmont d'avoir traduit le Stabat Mater, qui est le plus merveilleux poème du Latin mystique, et sur lequel on trouve une phrase « tramée », dit M. Huysmans, « avec les fils en argent dédoré d'une vieille étole ». Et je ne saurais mieux terminer qu'en laissant parler cette phrase splendide qui vaut bien d'autres poèmes du livre:
+
« Quels signes de décadence reconnaître en ce poème œuvré par une main douloureuse, mais sûre, selon des lignes très nobles, des voiles raidis comme par des larmes de sang, en cette robe de deuil, mais frangée d'or vert, mais ste,llée d'améthystes? »
+
Marcel Schwob.<noinclude>
+
 
</div></noinclude>
 
</div></noinclude>

Version du 13 novembre 2014 à 15:23


LETTRES DE MON ERMITAGE (i) A TRÈS HAUTE ET PUISSANTE DAME CHOCOLAT MÉNIER, EN SA TERRE DE NOISIEL Chelles-Gournay, le ai septembre 1892. Vous régnez, madame, sur une Ile fortunée où le Maître des Empires se plut à magnifier en votre personne l'omnipotente gloire de la victorieuse Epicerie. Aux rives paresseuses de la Marne, parmi les bouleaux et les tilleuls argentés, votre fief consacre aux yeux l'intime splendeur qui vous égale aux Rois. Promenoirs fleuris, jardins en fête, villas sous les rosiers, une province entière porte le signe coruscant de votre féodalité. Comme Diane au sein de moindres feux, la maison que vous daignez habiter se révèle entre les cottages de Messeigneurs vos enfants par quelque chose d'estomirande qui, tout d'abord, fait naître dans les entrailles une copieuse vérécundie. Ce sont les bustes de la gent Ménier, dont on voit cette demeure guirlandée. Eternels dans la pierre vive, ces droguistes surhumains protègent d'une immarcessible grandeur l'apanage de leurs hoirs. Non, le buste même du moutardier Potin, que j'ai souventefois contemplé dans la nef élevée par ses soins aux Denrées Coloniales, ne m'a pas tant ému. Etait-ce la transparence amie de ce matin d'automne ou le clairet angevin dont l'hôtelier Benoist arrose ses fritures? mais c'est avec une dévotion componctueuse que je saluai en images les fondateurs de votre dynastie. Ces bustes m'ont parlé des vertus fortes et des impériales

Outils personnels