Page:Mercure de France tome 006 1892 page 248.jpg
Ligne 2 : | Ligne 2 : | ||
− | </noinclude><center>{{larger|LETTRES DE MON ERMITAGE ( | + | </noinclude><center>{{larger|LETTRES DE MON ERMITAGE (I)}}</center> |
---- | ---- |
Version du 20 novembre 2014 à 12:15
Chelles-Gournay, le ai septembre 1892.
Vous régnez, madame, sur une Ile fortunée où le Maître des Empires se plut à magnifier en votre personne l'omnipotente gloire de la victorieuse Epicerie. Aux rives paresseuses de la Marne, parmi les bouleaux et les tilleuls argentés, votre fief consacre aux yeux l'intime splendeur qui vous égale aux Rois. Promenoirs fleuris, jardins en fête, villas sous les rosiers, une province entière porte le signe coruscant de votre féodalité. Comme Diane au sein de moindres feux, la maison que vous daignez habiter se révèle entre les cottages de Messeigneurs vos enfants par quelque chose d'estomirande qui, tout d'abord, fait naître dans les entrailles une copieuse vérécundie. Ce sont les bustes de la gent Ménier, dont on voit cette demeure guirlandée. Eternels dans la pierre vive, ces droguistes surhumains protègent d'une immarcessible grandeur l'apanage de leurs hoirs. Non, le buste même du moutardier Potin, que j'ai souventefois contemplé dans la nef élevée par ses soins aux Denrées Coloniales, ne m'a pas tant ému. Etait-ce la transparence amie de ce matin d'automne ou le clairet angevin dont l'hôtelier Benoist arrose ses fritures? mais c'est avec une dévotion componctueuse que je saluai en images les fondateurs de votre dynastie. Ces bustes m'ont parlé des vertus fortes et des impériales