Page:Mercure de France tome 006 1892 page 253.jpg
(Page créée avec « <noinclude><pagequality level="1" user="Leclercmarie" /><div class="pagetext"> </noinclude>dégoûtation parmi les rives qu'elles baisèrent autrefois. Au bord du ru," sous… ») |
|||
| Ligne 2 : | Ligne 2 : | ||
| − | </noinclude>dégoûtation parmi les rives qu'elles baisèrent autrefois. Au bord du ru, | + | </noinclude>dégoûtation parmi les rives qu'elles baisèrent autrefois. Au bord du ru, sous ces bosquets numérotés qui sont la vraie nature parisienne, gronde le bruit de vos machines quand se tait la voix des canotiers. J'aime encore mieux ces messieurs de la Nouveauté. Ils ne promènent aucune actrice en vue, et les folliculaires sont muets touchant les cuites dont ils agrémentent l'aunage du poult de soie. |
| − | Mais le dimanche seul leur appartient. Tout le reste du temps ne coule que pour vous la douce et pâle rivière, pour vous mère fondatrice d'une impeccable lignée de malotrus. | + | <br />{{gap}}Mais le dimanche seul leur appartient. Tout le reste du temps ne coule que pour vous la douce et pâle rivière, pour vous mère fondatrice d'une impeccable lignée de malotrus. |
| − | Aussi faut-il, madame, songer à faire la retraite, à se planter des clous dans le postère selon la plus récente délicatesse inventée par M. Huysmans. Nous partirons ce soir, malgré les dernières fleurs que laissent traîner, près des berges, les nénufars d'or, malgré le soleil qui flambe aux cimes jaunes des peupliers et le ciel bleu de lin qu'estompe d'une si | + | <br />{{gap}}Aussi faut-il, madame, songer à faire la retraite, à se planter des clous dans le postère selon la plus récente délicatesse inventée par M. Huysmans. Nous partirons ce soir, malgré les dernières fleurs que laissent traîner, près des berges, les nénufars d'or, malgré le soleil qui flambe aux cimes jaunes des peupliers et le ciel bleu de lin qu'estompe d'une si amène grisaille le frisque brouillard d'après-midi. |
| − | J'ai l'honneur d'être, Madame, avec la déférence coutumière aux solides pécunes, votre serviteur indigne autant que respectueux, | + | <br /> |
| − | + | <br />{{gap}}J'ai l'honneur d'être, Madame, avec la déférence coutumière aux solides pécunes, votre serviteur indigne autant que respectueux, | |
| + | {{right|{{sc|Dom Junipérien.}}}}<noinclude> | ||
</div></noinclude> | </div></noinclude> | ||
Version du 20 novembre 2014 à 13:02
dégoûtation parmi les rives qu'elles baisèrent autrefois. Au bord du ru, sous ces bosquets numérotés qui sont la vraie nature parisienne, gronde le bruit de vos machines quand se tait la voix des canotiers. J'aime encore mieux ces messieurs de la Nouveauté. Ils ne promènent aucune actrice en vue, et les folliculaires sont muets touchant les cuites dont ils agrémentent l'aunage du poult de soie.
Mais le dimanche seul leur appartient. Tout le reste du temps ne coule que pour vous la douce et pâle rivière, pour vous mère fondatrice d'une impeccable lignée de malotrus.
Aussi faut-il, madame, songer à faire la retraite, à se planter des clous dans le postère selon la plus récente délicatesse inventée par M. Huysmans. Nous partirons ce soir, malgré les dernières fleurs que laissent traîner, près des berges, les nénufars d'or, malgré le soleil qui flambe aux cimes jaunes des peupliers et le ciel bleu de lin qu'estompe d'une si amène grisaille le frisque brouillard d'après-midi.
J'ai l'honneur d'être, Madame, avec la déférence coutumière aux solides pécunes, votre serviteur indigne autant que respectueux,
Dom Junipérien.
