Page:Mercure de France tome 006 1892 page 263.jpg
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− | {{gap}}« La philologie et la mythologie comparées nous font ainsi remonter, dit-il, bien au-delà des textes historiques et presque aux origines de la conscience humaine. Dans l'ordre chronologique des sciences, ces deux études prennent rang entre l'histoire et la géologie. Cette dernière, en effet, est loin d'être étrangère à | + | {{gap}}« La philologie et la mythologie comparées nous font ainsi remonter, dit-il, bien au-delà des textes historiques et presque aux origines de la conscience humaine. Dans l'ordre chronologique des sciences, ces deux études prennent rang entre l'histoire et la géologie. Cette dernière, en effet, est loin d'être étrangère à l'histoire de l'homme.<br /> |
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mythologie et la philologie comparées, lequel s'arrête à la formation des grandes races, il y aura l'horizon de la paléontologie, de la zoologie et de l'anthropologie comparées. Peut-être même une certaine archéologie trouvera-t-elle ici des applications. »<br /> | mythologie et la philologie comparées, lequel s'arrête à la formation des grandes races, il y aura l'horizon de la paléontologie, de la zoologie et de l'anthropologie comparées. Peut-être même une certaine archéologie trouvera-t-elle ici des applications. »<br /> | ||
{{gap}}Ici intervient la morphologie zoologique, sur laquelle M. Renan place son espérance: c'est elle qui doit nous raconter la formation lente de l'humanité et nous livrer le secret du phénomène étrange en vertu auquel ''nous avons pris'', sur les autres animaux, une supériorité décisive.<br /> | {{gap}}Ici intervient la morphologie zoologique, sur laquelle M. Renan place son espérance: c'est elle qui doit nous raconter la formation lente de l'humanité et nous livrer le secret du phénomène étrange en vertu auquel ''nous avons pris'', sur les autres animaux, une supériorité décisive.<br /> | ||
{{gap}}En effet, ce secret est si caché que ce ne serait pas trop, pour le découvrir, de réunir en un bloc la mythologie, la philologie, la paléontologie, la zoologie, l'anthropologie, l'archéologie, la morphologie, et de les interroger à la fois.<br /> | {{gap}}En effet, ce secret est si caché que ce ne serait pas trop, pour le découvrir, de réunir en un bloc la mythologie, la philologie, la paléontologie, la zoologie, l'anthropologie, l'archéologie, la morphologie, et de les interroger à la fois.<br /> | ||
− | {{gap}}Car la supériorité que nous avons prise sur les autres espèces animales est, remarquez-le bien, une supériorité ''décisive''. Ce dernier mot jette l'esprit dans des hypothèses singulières et dans des perplexités douloureuses. La morphologie, par exemple, pour ne parler que d'elle, ne serait-elle pas dramatique si elle nous racontait une époque où l'homme avait, sur les autres animaux, une supériorité réelle, mais non pas encore décisive? Ne liriez-vous pas | + | {{gap}}Car la supériorité que nous avons prise sur les autres espèces animales est, remarquez-le bien, une supériorité ''décisive''. Ce dernier mot jette l'esprit dans des hypothèses singulières et dans des perplexités douloureuses. La morphologie, par exemple, pour ne parler que d'elle, ne serait-elle pas dramatique si elle nous racontait une époque où l'homme avait, sur les autres animaux, une supériorité réelle, mais non pas encore décisive? Ne liriez-vous pas avec un intérêt anxieux l'histoire de ces alternatives singulières où<noinclude> |
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Version actuelle en date du 26 décembre 2014 à 14:40
voulu réunir dans son article les deux contradictions dont je signalais tout à l'heure la ressemblance mystérieuse? Voudrait-il à la fois formuler une incrédulité religieuse et une superstition scientifique? Il vient d'affirmer un idéal qu'il déclare dépourvu de toute réalité. Maintenant, il propose à la science un fait, qui, s'il était réel, serait une réalité dépourvue d'idéal.
Ce qu'il y a de triste et d'un peu plaisant, c'est que pour aboutir a cette hypothèse M. Renan débute par une nomenclature détaillée des sciences qu'il voudrait connaître.
« La philologie et la mythologie comparées nous font ainsi remonter, dit-il, bien au-delà des textes historiques et presque aux origines de la conscience humaine. Dans l'ordre chronologique des sciences, ces deux études prennent rang entre l'histoire et la géologie. Cette dernière, en effet, est loin d'être étrangère à l'histoire de l'homme.
« .....Au-delà de l'horizon que nous montraient la
mythologie et la philologie comparées, lequel s'arrête à la formation des grandes races, il y aura l'horizon de la paléontologie, de la zoologie et de l'anthropologie comparées. Peut-être même une certaine archéologie trouvera-t-elle ici des applications. »
Ici intervient la morphologie zoologique, sur laquelle M. Renan place son espérance: c'est elle qui doit nous raconter la formation lente de l'humanité et nous livrer le secret du phénomène étrange en vertu auquel nous avons pris, sur les autres animaux, une supériorité décisive.
En effet, ce secret est si caché que ce ne serait pas trop, pour le découvrir, de réunir en un bloc la mythologie, la philologie, la paléontologie, la zoologie, l'anthropologie, l'archéologie, la morphologie, et de les interroger à la fois.
Car la supériorité que nous avons prise sur les autres espèces animales est, remarquez-le bien, une supériorité décisive. Ce dernier mot jette l'esprit dans des hypothèses singulières et dans des perplexités douloureuses. La morphologie, par exemple, pour ne parler que d'elle, ne serait-elle pas dramatique si elle nous racontait une époque où l'homme avait, sur les autres animaux, une supériorité réelle, mais non pas encore décisive? Ne liriez-vous pas avec un intérêt anxieux l'histoire de ces alternatives singulières où