Page:Mercure de France tome 006 1892 page 353.jpg
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− | </noinclude>Paradis... J'en suis sûr... J'aperçois par cet éblouissant soupirail un coin du ciel... Je vois... Il y a des anges... qui chantent... | + | </noinclude>Paradis... J'en suis sûr... J'aperçois par cet éblouissant soupirail un coin du ciel... Je vois... Il y a des anges... qui chantent... qui chantent... qui chantent... Ah ! il est donc permis de chanter dans le ciel... Oh ! me pendre ! Mon âme déploierait enfin ses belles grandes ailes, elle monterait, elle monterait, heureuse et grave, à travers l'éther, délivrée, elle plongerait comme en un puits de lumière dans cette tentatrice lucarne, elle irait vivre enfin dans ce bleu et radieux pays où l'on a le droit de chanter !... |
− | + | <br />{{gap}}{{sc|Arlequin}}. — Il a l'air de se décider .. Cela simplifierait les choses... Les procédures du divorce sont longues et onéreuses... Tandis qu'un bon petit enterrement... | |
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− | + | <br />{{gap}}{{sc|Pierrot}}.— Oh! avoir enfin le droit de chanter!... O Lune !... O soupirail tentateur du Paradis !... O puits insondable de lumière ! Tu m'attires, tu m'attires... Quand je te regarde, ma tête tourne, j'ai le vertige... Oh ! j'ai le vertige comme si je me penchais sur le bord d'un gouffre effroyable et charmant... Tu m'attires, oui, tu m'appelles, ô Lune bienveillante, ô consolatrice, tu m'appelles de tes blonds sourires, tu m'appelles... Pourquoi te résisterais-je? Pourquoi ? Ah! si j'avais une corde!... rien qu'une corde!... | |
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Version actuelle en date du 1 février 2015 à 15:31
Paradis... J'en suis sûr... J'aperçois par cet éblouissant soupirail un coin du ciel... Je vois... Il y a des anges... qui chantent... qui chantent... qui chantent... Ah ! il est donc permis de chanter dans le ciel... Oh ! me pendre ! Mon âme déploierait enfin ses belles grandes ailes, elle monterait, elle monterait, heureuse et grave, à travers l'éther, délivrée, elle plongerait comme en un puits de lumière dans cette tentatrice lucarne, elle irait vivre enfin dans ce bleu et radieux pays où l'on a le droit de chanter !...
Arlequin. — Il a l'air de se décider .. Cela simplifierait les choses... Les procédures du divorce sont longues et onéreuses... Tandis qu'un bon petit enterrement...
Colombine. — Reviendrait à peu près aussi cher, si nous voulons faire les choses convenablement.
Arlequin. — Tu plaisantes.
Colombine. — Comment, je plaisante? Un convoi de deuxième classe au moins, le clergé, le marbrier, les toilettes de deuil...
Arlequin. — C'est égal! Pour mille raisons, j'aimerais mieux ça!
Pierrot.— Oh! avoir enfin le droit de chanter!... O Lune !... O soupirail tentateur du Paradis !... O puits insondable de lumière ! Tu m'attires, tu m'attires... Quand je te regarde, ma tête tourne, j'ai le vertige... Oh ! j'ai le vertige comme si je me penchais sur le bord d'un gouffre effroyable et charmant... Tu m'attires, oui, tu m'appelles, ô Lune bienveillante, ô consolatrice, tu m'appelles de tes blonds sourires, tu m'appelles... Pourquoi te résisterais-je? Pourquoi ? Ah! si j'avais une corde!... rien qu'une corde!...
Arlequin. — Il est bien décidé à le faire...
Colombine. — Hélas ! oui !.. le pauvre garçon!
Arlequin. — Ça serait une admirable solution.
Colombine. — Tais-toi, monstre, tais-toi!
Arlequin. — Ah! si j'avais quelque cordon à lui prêter.
Pierrot.— Hélas! hélas !... Jusqu'à mon dernier