Page:Mercure de France tome 006 1892 page 364.jpg
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− | </noinclude>Hérode se fâcha, fit supplicier le prêcheur qui avait ensorcelé sa fille. Hérodiade prit entre ses mains la tête coupée et approcha des lèvres mortes ses lèvres avides ; les lèvres mortes se rouvrirent pour un souffle d'horreur, et la pucelle au terrible amour disparut dans l'espace, — où elle voyagera jusqu'à la fin du monde, symbole des passions sacrilèges. | + | </noinclude><section begin=article1 />Hérode se fâcha, fit supplicier le prêcheur qui avait ensorcelé sa fille. Hérodiade prit entre ses mains la tête coupée et approcha des lèvres mortes ses lèvres avides ; les lèvres mortes se rouvrirent pour un souffle d'horreur, et la pucelle au terrible amour disparut dans l'espace, — où elle voyagera jusqu'à la fin du monde, symbole des passions sacrilèges. |
La Salomé du frère prêcheur florentin ne ressemble guère ni à la voluptueuse et savante danseuse, ni à la violente amoureuse: en sa robe de lilas très pâle, elle est chaste comme l'imagination du pur moine; son air est un peu méchant et un peu ennuyé, comme d'une qui fait son métier et non pas son plaisir; blonde décolorée par les essences, elle se lève légère et adroite, dessine en son vol de beaux plis symétriques, mais laisse à peine voir la forme de son pied vêtu de pourpre. | La Salomé du frère prêcheur florentin ne ressemble guère ni à la voluptueuse et savante danseuse, ni à la violente amoureuse: en sa robe de lilas très pâle, elle est chaste comme l'imagination du pur moine; son air est un peu méchant et un peu ennuyé, comme d'une qui fait son métier et non pas son plaisir; blonde décolorée par les essences, elle se lève légère et adroite, dessine en son vol de beaux plis symétriques, mais laisse à peine voir la forme de son pied vêtu de pourpre. | ||
Cependant, dehors, le Saint pose sur le billot sa tête de Géant, de précurseur du Géant de la double Substance; elle roule et un valet l'apporte en la salle du festin,où rêve, attablé avec ses officiers, le Tétrarque couronné d'or. | Cependant, dehors, le Saint pose sur le billot sa tête de Géant, de précurseur du Géant de la double Substance; elle roule et un valet l'apporte en la salle du festin,où rêve, attablé avec ses officiers, le Tétrarque couronné d'or. | ||
Et Salomé danse toujours, toujours, — puisque c'est son métier de femme. | Et Salomé danse toujours, toujours, — puisque c'est son métier de femme. | ||
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Haerès, par LÉON-ALPHONSH DAUDET (Charpentier).— « La meilleure formule de lecture serait, selon nous, celle-ci: apprendre en s'émouvant. » Ainsi M. Léon-Alphonse Daudet renseigne sur son esthétique les historiens à venir de la littérature française, où il ne manquera point de laisser, ainsi que son père, de notables souvenirs. | Haerès, par LÉON-ALPHONSH DAUDET (Charpentier).— « La meilleure formule de lecture serait, selon nous, celle-ci: apprendre en s'émouvant. » Ainsi M. Léon-Alphonse Daudet renseigne sur son esthétique les historiens à venir de la littérature française, où il ne manquera point de laisser, ainsi que son père, de notables souvenirs. | ||
(i) Aux prochaines livraisons : Inséparables (Jeanne Mairet); Lilith (Remy de Gourmont ; Eu Bretagne (Auguste Barrau); L'Aiibe (Adolphe Tabarant); Les Nocfs de Sath.in (Jules Bois); Contes sur Porcel.iinf (Jean Madeline); Promesses (Jules Case) ; Les Am.tuts de Taillemark (Maurice Desombiaux); Le Traité de la Méduse (Maurice Quillol) ; Les Heures de Dam Nofl Mars (Pierre Dufay); Un C.viir discret (Gustave Guiches);Typhoniz (Josephin Péladan); Les Caurs utiles (Paul Adam); La Lutte meilleure (D. Maysonnier); L'Ennemi des<noinclude> | (i) Aux prochaines livraisons : Inséparables (Jeanne Mairet); Lilith (Remy de Gourmont ; Eu Bretagne (Auguste Barrau); L'Aiibe (Adolphe Tabarant); Les Nocfs de Sath.in (Jules Bois); Contes sur Porcel.iinf (Jean Madeline); Promesses (Jules Case) ; Les Am.tuts de Taillemark (Maurice Desombiaux); Le Traité de la Méduse (Maurice Quillol) ; Les Heures de Dam Nofl Mars (Pierre Dufay); Un C.viir discret (Gustave Guiches);Typhoniz (Josephin Péladan); Les Caurs utiles (Paul Adam); La Lutte meilleure (D. Maysonnier); L'Ennemi des<noinclude> | ||
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Version du 1 février 2015 à 17:28
Hérode se fâcha, fit supplicier le prêcheur qui avait ensorcelé sa fille. Hérodiade prit entre ses mains la tête coupée et approcha des lèvres mortes ses lèvres avides ; les lèvres mortes se rouvrirent pour un souffle d'horreur, et la pucelle au terrible amour disparut dans l'espace, — où elle voyagera jusqu'à la fin du monde, symbole des passions sacrilèges.
La Salomé du frère prêcheur florentin ne ressemble guère ni à la voluptueuse et savante danseuse, ni à la violente amoureuse: en sa robe de lilas très pâle, elle est chaste comme l'imagination du pur moine; son air est un peu méchant et un peu ennuyé, comme d'une qui fait son métier et non pas son plaisir; blonde décolorée par les essences, elle se lève légère et adroite, dessine en son vol de beaux plis symétriques, mais laisse à peine voir la forme de son pied vêtu de pourpre.
Cependant, dehors, le Saint pose sur le billot sa tête de Géant, de précurseur du Géant de la double Substance; elle roule et un valet l'apporte en la salle du festin,où rêve, attablé avec ses officiers, le Tétrarque couronné d'or.
Et Salomé danse toujours, toujours, — puisque c'est son métier de femme.
L'Imagier.
(1) La mort de S. Jean-Baptiste de Beato Fra Giovanni de Fiesole detto l'Angelico (Au Louvre, Primitifs italiens, n° 1291.)
Haerès, par LÉON-ALPHONSH DAUDET (Charpentier).— « La meilleure formule de lecture serait, selon nous, celle-ci: apprendre en s'émouvant. » Ainsi M. Léon-Alphonse Daudet renseigne sur son esthétique les historiens à venir de la littérature française, où il ne manquera point de laisser, ainsi que son père, de notables souvenirs. (i) Aux prochaines livraisons : Inséparables (Jeanne Mairet); Lilith (Remy de Gourmont ; Eu Bretagne (Auguste Barrau); L'Aiibe (Adolphe Tabarant); Les Nocfs de Sath.in (Jules Bois); Contes sur Porcel.iinf (Jean Madeline); Promesses (Jules Case) ; Les Am.tuts de Taillemark (Maurice Desombiaux); Le Traité de la Méduse (Maurice Quillol) ; Les Heures de Dam Nofl Mars (Pierre Dufay); Un C.viir discret (Gustave Guiches);Typhoniz (Josephin Péladan); Les Caurs utiles (Paul Adam); La Lutte meilleure (D. Maysonnier); L'Ennemi des