Page:Mercure de France tome 006 1892 page 260.jpg
(→Non corrigée) |
(→Non corrigée) |
||
(10 révisions intermédiaires par un utilisateur sont masquées) | |||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
− | <noinclude><pagequality level="1" user=" | + | <noinclude><pagequality level="1" user="Admin" /><div class="pagetext"> |
− | </noinclude><center>''LE SECRET DE M. RENAN'' ( | + | </noinclude><center>{{larger|''LE SECRET DE M. RENAN'' (1)}}</center><br /> |
{{gap}}II y a dans l'homme déchu deux tendances, dont l'une s'appelle superstition et l'autre incrédulité. En général, la superstition s'attache aux faits pris en eux-mêmes, indépendamment de la vérité ; l'incrédulité s'attache aux conceptions abstraites, indépendamment de la réalité. La superstition s'attache aux faits, sans leur demander de signifier quelque chose; l'incrédulité s'attache aux rêves de son esprit, sans leur demander aucune réalisation. L'une se contente d'un corps sans âme, l'autre d'une âme sans corps. Ces deux illusions se ressemblent beaucoup plus qu'elles n'en ont l'air, elles se touchent comme le premier et le dernier degré du cercle. | {{gap}}II y a dans l'homme déchu deux tendances, dont l'une s'appelle superstition et l'autre incrédulité. En général, la superstition s'attache aux faits pris en eux-mêmes, indépendamment de la vérité ; l'incrédulité s'attache aux conceptions abstraites, indépendamment de la réalité. La superstition s'attache aux faits, sans leur demander de signifier quelque chose; l'incrédulité s'attache aux rêves de son esprit, sans leur demander aucune réalisation. L'une se contente d'un corps sans âme, l'autre d'une âme sans corps. Ces deux illusions se ressemblent beaucoup plus qu'elles n'en ont l'air, elles se touchent comme le premier et le dernier degré du cercle. | ||
− | {{gap}}L'erreur aime à se déguiser. | + | <br />{{gap}}L'erreur aime à se déguiser. Il est rare qu'elle donne sa formule. Elle se retranche habituellement derrière des remparts de phrases. Elle se promène, elle circule, elle fuit, elle échappe. Elle vise à être une ombre, et, craignant qu'on ne la saisisse, évite de prendre corps et surtout de dire son nom. La superstition ne dit pas:<noinclude> |
− | + | ||
− | + | ||
− | + | ||
− | + | ||
− | + | ||
− | + | ||
− | + | ||
− | + | ||
− | + | ||
</div></noinclude> | </div></noinclude> |
Version actuelle en date du 26 décembre 2014 à 14:34
II y a dans l'homme déchu deux tendances, dont l'une s'appelle superstition et l'autre incrédulité. En général, la superstition s'attache aux faits pris en eux-mêmes, indépendamment de la vérité ; l'incrédulité s'attache aux conceptions abstraites, indépendamment de la réalité. La superstition s'attache aux faits, sans leur demander de signifier quelque chose; l'incrédulité s'attache aux rêves de son esprit, sans leur demander aucune réalisation. L'une se contente d'un corps sans âme, l'autre d'une âme sans corps. Ces deux illusions se ressemblent beaucoup plus qu'elles n'en ont l'air, elles se touchent comme le premier et le dernier degré du cercle.
L'erreur aime à se déguiser. Il est rare qu'elle donne sa formule. Elle se retranche habituellement derrière des remparts de phrases. Elle se promène, elle circule, elle fuit, elle échappe. Elle vise à être une ombre, et, craignant qu'on ne la saisisse, évite de prendre corps et surtout de dire son nom. La superstition ne dit pas: