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Version actuelle en date du 28 décembre 2014 à 09:24
l'art de la bête, elle, ne se guide que d'après ses besoins matériels.
La société contemporaine repose sur une philosophie qui a mis à se constituer du XVIe au XIXe siècle, et qui est la négation pure et simple de toutes les entités abstraites précitées et le perfectionnement logique de tous les besoins matériels.
L'homme qui subit son influence devient donc une bête perfectionnée — une bête parce que son seul but est l'assouvissement de ses besoins matériels — perfectionnée parce qu'il croit à la grandeur de cette basse religion et qu'il met tout en œuvre pour ce culte abject.
Chapitre des femmes
— Nous faisons, en somme, un roman psychologique.
— Il n'y a pas de roman sans femme, de même qu'il n'y a pas de vie sans femme.
Kakégo.— Tu crois à la femme, toi, l'idéaliste, à la femme, latrine de toute impureté et de toute laideur; tu ne les as donc jamais regardées ?
Hans. — Jamais avec mes yeux, mais souvent avec mes rêves.
Kakégo.— Je vais te les montrer, ça te dégoûtera peut-être, et, d'autre part, puisqu'il faut absolument une femme dans un roman, je vais, d'un coup, en faire entrer un millier dans le nôtre.
Il se met à la fenêtre et se met à jongler avec des louis d'or en chantant d'un air distrait:
Holà ! Là-bas! Les belles qui passez
A pas pressés,
Qui troussez tout en traversant les ponts
Vos clairs jupons,
Vos tendres yeux sont-ils pas éblouis
Par ces louis
Qui dansent, gais, dorés, entre mes doigts
Et qu'on vous doit?
La fortune est en haut de l'escalier,
Sur le palier
Montez ! Montez ! Toutes! Frappez ! Sonnez!
Carillonnez!
Montez causer de finance avec nous
Sur nos genoux.
Occasion rare, sans grands ébats,
D'emplir vos bas !...
Cette romance lointainement sentimentale agit avec la précision d'une formule de goétie. Des coups de sonnette retentirent, la porte s'ouvrit, une femme