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A Marcel Schwob.
Monsieur Sud regardait les chardonnerets tantôt se poser sur le peuplier, et tantôt joncher la terre, comme une bande de fleurs volantes. Sans doute, il en désirait un pour le mettre à sa boutonnière. Longtemps il attendit qu'ils fussent bien en tas, irrésolu dès que l'un deux s'écartait.
Soudain, dans un accès de férocité et de bravoure, il déchargea son beau fusil, en détournant la tête.
Quand il revint à lui, son chien Pirame mangeait les chardonnerets morts. Quelques autres, blessés à peine ou étourdis, échappaient aux happements de la gueule. Monsieur Sud les ramassa et les mit dans sa poche, tout fier.
Ainsi, il avait tué : grâce à lui, là, des plumes s'étaient éparpillées; la terre buvait du sang; des cervelles se répandaient, blanches comme du lait d'herbe à verrues. Et si, malgré ces preuves, un incrédule doutait encore, il suffirait, pour le convaincre, de dire à Pirame :
— « Montre ta langue ! »
— « Je veux garder la douille de ma cartouche! » se dit monsieur Sud.
Il s'en alla. Il éprouvait le besoin de marcher vite et droit. Il avait hâte de rentrer à la maison