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TRIPTYQUE
A Madame Henri d'Erville
Cloches et cœurs tintant leurs sanglots prolongés,
Peuplent d'azurs riants et d'esprits affligés
L'habituel désert tombal du monastère.
Là, sous l'ombrage en fleurs des chastes orangers,
Vierge veuve d'un fol amour qu'elle dut taire,
Mais éloquemment pâle, une mondaine enterre
Par victime respect d'ancestraux préjugés
Ses radieux vingt ans voués au cloître austère.
Symbole de son âme, en vols blancs et légers,
Parmi tant de deuils chers prosternant leurs dangers,
Son voile nuptial, tel un rêve, s'éthère.
Et, ses Vœux qui, muets, montent d'elle, imagés,
Vers le dieu de Refuge et la croix Salutaire,
Retombent sur la foule en douloureux mystère
Comme des voix d'en haut qui lui diraient:« Songez! »
Seigneur ! que vers toi l'ingénue
Passion de mon cœur dompté
Jaillisse avec la pureté
Des fraîches sources vers la nue !
Toi qui donnas ton sang divin pour nous,
Étends les mains vers mon âme à genoux!
Seigneur ! jusqu'à la meurtrière
Douleur dont se larme ton flanc
Qu'arrive, baume consolant,
Le miel de ma lèvre en prière !
Toi près de qui rien ne me sera plus,
Guide ma Foi vers le seuil des Élus !