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Wann wild es Ruhe im Haus?
R. Wagner (Tristan)
Comme une larme aiguë, une larme de l'infini, la Lune tombe, tombe du ciel, lente, indiscontinuement. Le rayon de sang pâle qu'elle pleure dans le fleuve, entre les hauts feuillages d'ombre des mystérieuses rives, s'éteindra pour renaître ainsi que toutes choses terrestres.
Douleur sans fin des Cieux... Oh! quelle douleur, quelle douleur pleurez-vous, hauts Inconnus, par vos si belles larmes errantes? Il me semble, en des nuits, me souvenir de ces douleurs-là qui auraient été miennes, elles par où je sens que j'ai fait autrefois partie d'une enfance si grande!
Et voici que de Vénus aussi se reflète sur l'eau la mouillure voilée et vacillante d'une larme, sœur des humbles miennes. Je sens mon cœur gonflé par la fuyante espérance de retrouver les souvenirs perdus. O mes Patries, mes belles Patries! me laisserez-vous traîner encore longtemps, misérable, sur les chemins obscurs des souvenirs!...
— Écoute? Je vais te narrer l'histoire d'un preux chevalier qui ...
— Non, laisse-moi:.. Ne veuille point que j'écoute: j'aime mieux regarder les arbres qui s'agitent au vent accouru des tempêtes lointaines...
— Écoute? et tu sauras l'histoire des amours de la blonde Astine et...
— Non, je t'en prie: je préfère ouïr le chutement du vent qui blanchit les feuilles des bouleaux et anime les cimes rondes et somptueuses des hêtres...
— Oh écoute! Je te remémorerai ce que ton âme a souffert dans l'isolement des tendresses, et les larmes voluptueuses que...
— Oh non, je t'en supplie! Il me plaît davantage que mes yeux errent aux puissants balancements des