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Tiradentes, esquisse biographique, par Montenegro Cordeiro (chez l'auteur, 1, place de l'Estrapade). — « Le 15 mars 1892, quelques étudiants brésiliens se sont réunis dans le but de prendre l'initiative de la célébration, à Paris, du centenaire de la mort de Tiradentes, le précurseur de l'indépendance politique du Brésil. » La fête eut lieu aussi à Berlin, et c'est en souvenir de l'hommage rendu à Tiradentes par ses compatriotes actuellement en France et en Allemagne que M. Montenegro Cordeiro a écrit sa brochure, — non pas, d'ailleurs, comme le dit modestement le sous-titre, une simple esquisse biographique, mais bien l'histoire synthétique et très documentée de l'illustre Brésilien.
A. V.
Contes de Fées, par Mme Guzman (Savine). — Littérature de grande dame. Des afféteries de bas aloi qui, pourtant, ne font rien oublier des contes de jadis. Pas assez clairs pour des contes destinés aux enfants, pas assez symboliques pour des fantaisies destinées aux grandes personnes. Deux morceaux intéressent à la fin du livre par l'entière candeur de leur allure et leur beaucoup plus profond dessous : Le Lièvre et la Volonté assoupie.
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Contrastes et Charbons verts, La Médecine et la Biologie dans la Grèce ancienne, Choix de Poésies inédites, par Dimokidès. (Savine). — Polissonnerie, cacographie et maboulisme ; derrière tous ces titres, deux douzaines de méchantes pièces, où l'auteur parle de la sorte :
Sans plus secrets desseins,
Que chacun de nous puisse
Se fleurir à vos seins
Sans oublier la cuisse.
D'un rut de jouissance énervé, soül, je souffre,
Attestant de ma force un élément trop las,
Pendant qu'elle vomit de son nombril du soufre,
Qui colore son poil et ses cheveux lilas...
C'est son corps qui fait virevolte.
Et s'égard (sic) un soir triomphant.
Enfin, il faut être pitoyable aux étrangers ; mais je croirais facilement à une farce !
C. Mki
Les Sphinx, par Jean La Fargue (Lemerre) — Le titre est le meilleur de ce livre où l'on crie « Rendez l'Alsace », où l'on glorifie Gambetta — encombrant et boursouflé personnage qui parlait bien mal le français (voir les phrases gravées sur le hideux monument qui s'érige place du Carrousel), — et où se lisent maints vers pareils à ceux-ci :
Je n'ai plus aujourd'hui pour lutter d'autres armes
Qu'un lâche désespoir à ses pieds répandu...
Ventre, viscère ignoble armé d'une mâchoire,
Monstre abject qu'on rougit de porter dans son flanc...