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« aventureux et porté au sacrifice et à la propagation » apprend à Hybréas l'existence d'un enfant mâle du sang de Justinien, le Sclavon Oupravda, qui vit obscurément avec sa sœur Viglinitza, son aînée d'une dizaine d'années, dans un quartier pauvre de la ville, et la guerre devient politique — Constantine V sera renversé, Oupravda, qu'Hybréas instruit dans la religion des Eikônes, nommé Basileus. Puis, comme partie des Verts tiennent pour les cinq frères aveugles, Oupravda sera uni à Eustokkia, la petite-fille du plus âgé d'entre eux, Arghiras, et leur seule descendance. De sorte que la race isaurienne asiatique, iconoclaste, sera remplacée au pouvoir par la jeune race sclavonne alliée à la vieille race helladique, Iconolâtres.
Le batelier Haraïvi, le spathaire Sepeos et l'hénioque Solibas fomentent la conjuration. On résout de précipiter du Cathisma, aux premières courses de l'Hippodrome, l'Autokratôr Constantin — mais contre l'avis d'Hybréas, qui ne voudrait agir qu'à coup sûr, une fois en possession d'une force terrible que lui ont révélée des livres aryens, qu'il travaille à conquérir et certainement conquerra : le feu détonant. L'entreprise échoue, et Sepeos, saisi par les soldats, est mutilé on lui coupe une main, un pied, et on lui crève un œil. Une deuxième sédition des Verts échoue encore, malgré l'emploi du feu détonant , incomplètement asservi par Hybréas. Oupravda, dans la défaite, tombe aux mains de Constantin V, qui lui fait crever les yeux.
Laissé libre pourtant, Oupravda épouse Eustokkia, qui le console et le soutient de son inébranlable foi en l'avenir : il leur naîtra un enfant, un mâle, et ce fils, du sang de Théodose allié au sang de Justinien, sera Basileus. Et « à l'écouter, Oupravda avait de mélancoliques joies, mieux alors serrait Eustokkia en ses faibles bras ; il versait des pleurs lents sur son sein aux étoffes. resplendissantes et revivait malgré la mort de ses regards ».
Au reste, ce ne fut jamais par ambition de dominer qu'Oupravda voulait l'Empire d'Orient, « dont les magnificences lui allaient moins que les, paroles mystiques d'Hybréas. Comme d'un sol vierge, l'Art des Éikônes, l'Orthodoxie par leur culte, le combat du bien contre le mal, l'union de la race sclavonne et helladique pour la prééminence, à Byzance, de la religion du Iezous, lui éveillaient de confuses idées, des sensations et des plaisirs tout cérébraux, illuminés, comme d'un rubannement de soleil, par l'enseignement de l'Hégoumène ». C'est