Page:Mercure de France tome 004 1892 page 300.jpg
De MercureWiki.
- En vain j'ai parcouru les halliers et les grèves.
- Je me suis efforcé
- Vers le Nord implacable et le Pôle glacé
- Aux Thulés mornes où meurent les rêves;
- Vers les visions impérissables poursuivies
- Par d'hyperboréennes contrées
- Je me suis détourné des routes de la vie.
- Les magiciennes rencontrées!
- Par elles je crus au mirage de mes rêves
- Et je me suis efforcé
- Vers mon illusion par les déserts glacés
- Des Thulés mornes où meurent les rêves
- En des halliers de ronce et par la fange de leurs grèves
- J'y voyais sans cesse un pourpris superbe
- Et j'entrais en un val de tendres fleurs écloses
- Avec des aspérules en grappes blanches sous l'herbe,
- Et c'était une nuit de lune parmi les roses.
- En les senteurs molles et profondes
- Quel rêve ai-je vécu sur ces terrasses blondes
- Illunées?
- Les ténèbres bientôt descendaient en l'effroi
- Et l'épouvante des landes abandonnées
- Aux gémissements sinistres d'un vent froid.
- Parfois encore c'étaient les gnomes
- Et les Trolls aux visages odieux
- Qui tournaient, brumeux fantômes
- Qui tournaient et qui riaient à mes yeux.
- En vain j'ai parcouru les halliers et les grèves.