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Or, voici que soudain l'orgue d'un malandrin,
Dans le recueillement de l'heure,
Moud dolemment un lent et chevrotant refrain
Où tout un vieil Autrefois pleure.
On dirait des sanglots clamés par le Passé
Sur un deuil cher qui s'éternise...
— Un lamentable oiseau mortellement blessé
A travers la bise agonise...
Le vent coulis rôdant parmi les corridors
Mêle des complaintes funèbres
Aux sons criards de l'orgue et plaque des accords
Frigides comme des ténèbres.
Imperturbablement la chanson d'Autrefois
Pleure dans le vent, monotone...
— Maints souvenirs perdus, tels des cerfs aux abois
Brament en mon cœur qui s'étonne,
Et tandis que le parc s'efface lentement
Dans le clair obscur équivoque,
Tandis qu'au ciel rosit un vague enchantement,
Mon âme endolorie évoque
La magique splendeur des rêves abolis
Qui se jouaient das les lumières,
Vers les couchants d'or pâle où sommeillaient des lis,
Des lis plus blancs que des Prières!...
Jean Court.