- En vain j'ai parcouru les halliers et les grèves.
- Je me suis efforcé
- Vers le Nord implacable et le Pôle glacé
- Aux Thulés mornes où meurent les rêves;
- Vers les visions impérissables poursuivies
- Par d'hyperboréennes contrées
- Je me suis détourné des routes de la vie.
- Les magiciennes rencontrées!
- Par elles je crus au mirage de mes rêves
- Et je me suis efforcé
- Vers mon illusion par les déserts glacés
- Des Thulés mornes où meurent les rêves
- En des halliers de ronce et par la fange de leurs grèves
- J'y voyais sans cesse un pourpris superbe
- Et j'entrais en un val de tendres fleurs écloses
- Avec des aspérules en grappes blanches sous l'herbe,
- Et c'était une nuit de lune parmi les roses.
- En les senteurs molles et profondes
- Quel rêve ai-je vécu sur ces terrasses blondes
- Illunées?
- Les ténèbres bientôt descendaient en l'effroi
- Et l'épouvante des landes abandonnées
- Aux gémissements sinistres d'un vent froid.
- Parfois encore c'étaient les gnomes
- Et les Trolls aux visages odieux
- Qui tournaient, brumeux fantômes
- Qui tournaient et qui riaient à mes yeux.
- Et les mêmes désirs, désirs jamais défunts,
- En mon âme suscitaient toujours la même foi:
- Pour l'effluve pressenti de plus subtils parfums
- J'entrais en d'illusoires pelouses
- Le long de lacs mentis où bientôt j'étais seul
- Par la neige qui vraie était lourde comme un linceul
- Sans le spectre des yeux que j'eusse crus défunts!
- En vain j'ai parcouru les halliers et les grèves.
- Mais j'ai surpris dans la tourmente
- Le mensonge surgi d'un mirage d'amante
- Et les syllabes de runes morts
- Des Trolls malicieux et des haineux Klingsors!
- — Et de l'adverse magie où mon désir se bute
- Sous les embûches de la neige
- J'échappe par la vie à cette vaine lutte;
- Mais j'ai surpris dans la tourmente
- J'ai rompu le pouvoir des mauvais sortilèges.
- J'ai rompu le pouvoir des mauvais sortilèges.
André Fontainas.