Angélus

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Ernest Raynaud, « Angélus », Mercure de France, t. I, n° 8, août 1890, p. 287.


ANGÉLUS


À M. Alcide Guérin


Avec, dans ses cheveux, la fleur des Ptolémée,
L'Antinoüs, au fond des Versailles perclus,
Se dresse encor, triste d'un culte qui n'est plus
Et de survivre à ceux des Rois qui l'ont aimé !

Sur sa lèvre entr'ouverte en frêle fleur de Mai
Subsiste un rire auquel personne ne croit plus ;
Voici qu'au lointain copte un mystique Angélus :
La Rome antique s'en est allée en fumée !

Plus Hadrien, ni ses baisers ni plus rien d'Elle !
Virgile a clos ses yeux d'aurore et, dans Mantoue,
Ne gémit plus sa douce voix de tourterelle.

Et le marbre du bel Éphèbe, dans l'allée
Où l'encens bleu du soir s'élève de partout,
Prend des deuils blancs comme on en voit aux mausolées.

Ernest Raynaud.

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