Chanson

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Gabriel Vicaire, « Chanson », Mercure de France, t. I, n° 7, juillet 1890, p. 239-240.


CHANSON


J'ai mis mon cœur
À la fenêtre.
Qui veut connaître
L'oiseau moqueur ?


Venez ensemble,
Blonds et châtains
Vieux galantins
Dont la main tremble ;


Venez, bourgeois,
Magistrature,
Gens de nature,
Bons villageois ;


Arrivez, minces
Bétereaux,
Godelureaux,
Nobles et princes,


Et vous, soudards
Du roi d'Espagne
Dont j'accompagne
Les étendards,


Et vous, moroses
Ou gais sonneurs,
Tambourineurs
Du bois des roses !


Gros et menus,
Meilleurs ou pires,
Soyez, messires,
Les bienvenus.


C'est chose due,
Que votre amour.
Vite une cour
Très assidue.


Je sais très bien
Que je suis belle ;
Pas de rebelle.
On n'y peut rien.


Allez, esclaves,
Allez gaiement.
C'est le moment ;
Partez, mes braves.


Sages et fous,
Entrez en lice.
Pour votre Alice
Éborgnez-vous.


Croisez vos battes,
Beaux Arlequins,
Marchez, faquins,
À quatre pattes.


Baisez, tremblants,
Tous à la queue,
Ma robe bleue
À sept volants.


Au son des flûtes
De bois doré,
Moi, je rirai
De vos culbutes.

Gabriel Vicaire.


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